Ce militant togolais est ciblé par un logiciel espion fabriqué en Inde et lié à un groupe de hackers dans le but de lui nuire, selon Amnesty International.L’ONG des droits humains révèle, dans son nouveau rapport transmis à APA ce jeudi, que « le tristement célèbre groupe de hackers Donot Team a utilisé de fausses applications Android et des courriels infectés par des logiciels espions pour cibler un défenseur togolais des droits humains bien connu, dans le but de le placer illégalement sous surveillance ».
Ce militant togolais, « qui préfère garder l’anonymat pour des raisons de sécurité », travaille depuis longtemps avec des organisations de la société civile togolaise et est une voix essentielle qui défend les droits humains dans le pays.
Ses appareils ont été ciblés entre décembre 2019 et janvier 2020, alors que le climat politique était tendu à l’approche de l’élection présidentielle de 2020 au Togo, précise Amnesty.
Dans ce pays, l’ONG regrette donc que des militants puissent « risquer d’être pris pour cibles par des cybermercenaires de l’ombre, qui lancent des attaques numériques pour tenter de voler les données privées des victimes afin de les vendre à des clients privés ».
« À travers le monde, les cybermercenaires tirent sans scrupules profit de la surveillance illégale des défenseur·e·s des droits humains », a déclaré Danna Ingleton, directrice adjointe d’Amnesty Tech, précisant que c’est la première fois que les spywares de Donot Team sont identifiés dans des attaques en dehors de l’Asie du Sud.
« Tout le monde peut être une cible : des cybermercenaires vivant à des centaines de kilomètres peuvent pirater votre téléphone ou votre ordinateur, regarder où vous allez et à qui vous parlez, et vendre vos données privées à des gouvernements répressifs ou à des criminels », a-t-elle ajouté.
Qualifiant ces actes d’« attaques contre les militants », Amnesty International constate en outre que l’espace d’action des défenseurs des droits humains au Togo s’est rétréci.
En 2019, l’année précédant l’élection présidentielle, l’ONG a noté l’adoption de lois restreignant les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, et recensé des cas de violations commises par les autorités, notamment contre des militants pour la démocratie. Plusieurs dignitaires religieux et figures de l’opposition politique au Togo auraient été la cible d’outils de surveillance numérique, a-t-elle remarqué encore.
Amnesty demande ainsi la protection de tous les citoyens, notamment les militants, contre les atteintes aux droits humains, d’enquêter sur les préjudices causés par les cyberattaques menées par des acteurs du secteur privé et d’y apporter des réparations.