Préserver la culture de la paix pour protéger les générations futures; passer de la culture de la haine à une culture de coexistence pacifique, faire des plaidoyers pour renforcer la capacité du ministère de l’éducation nationale pour établir des vraies valeurs au profit des jeunes, telles sont les raisons qui ont motivé la participation du Président TOUADERA au Forum Mondial pour la paix qui s’est tenu aujourd’hui à la Haye.
« L’éducation et la paix pour protéger le patrimoine culturel » c’est le thème choisi par la Fondation Abdulaziz Saud Albatain nom du fondateur qui est un poète koweïtien.
S’opposant au terrorisme et la sédition, M. Abdulaziz Saud Albatain utilise depuis 30 ans la poésie comme un instrument pour véhiculer les messages de la paix dans le monde.
Notons que c’est la RCA et le Yemen qui sont à l’honneur pour cette année.
Nous vous publions l’intégralité de l’allocation prononcée à cette occasion par le Président de la République Chef de l’État Pr Faustin Archange TOUADERA
Allocution de S.E.M le président de la république, chef de l’état au forum mondial de la paix
HAYE, 13 juin 2019
Excellence Monsieur Marzouq Al-Ghanim, Président du Parlement du Koweit ;
Excellence Madame Marie-Louise Coleiro Preca, Présidente Emérite de Malte ; Excellence, Monsieur Abdullah Gul, ancien Président de la Turquie ;
Monsieur Abdulaziz Saud Albabtain, Président Fondateur de la Fondation de la Culture du même nom ;
Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégations et Représentants des Organisations Internationales ;
Distingués personnalités ;
Mesdames et Messieurs ;
Permettez-moi tout d’abord d’exprimer mes sincères remerciements au Gouvernement et au peuple ami néerlandais, pour l’accueil très cordial et la marque d’hospitalité qui m’ont été réservés ainsi qu’à toute ma délégation, depuis notre arrivée dans cette belle ville de La Haye.
Mes remerciements vont également à l’endroit de la Fondation Abdoulaziz Saoud Al Babtain pour la culture et ses partenaires pour avoir invité la République Centrafricaine à cette rencontre et pour l’excellent travail préparatoire accompli, ayant permis la réussite de ce Forum.
La République Centrafricaine, mon pays, est honorée de se retrouver aujourd’hui avec tous les autres invités, à cet important événement dont le thème nous interpelle tous.
A ce titre, je voudrais faire remarquer que la paix, en tant que création sociale, est toujours susceptible d’érosion en présence de l’expression des diversités, voire des divergences qui dérivent de la nature humaine.
La préservation de la paix est alors une entreprise universelle et continuelle. La culture de la paix s’impose à tous les Etats et elle est renseignée singulièrement par l’atrocité de la violence, le terrorisme, les affres de la guerre, les héritages historiques et culturels des peuples.
Dès lors, il est légitime que la prévention des conflits figure parmi les objectifs essentiels de l’Organisation des Nations Unies, comme l’atteste l’article 1 de la Charte.
La nature des guerres et des menaces qui se propagent aujourd’hui à travers les continents nous appellent ou nous rappellent à plus de diplomatie préventive et au renforcement des initiatives en faveur de la paix et de la stabilité des nations.
Plusieurs pays d’Afrique ou du monde, à l’instar de la République Centrafricaine, peuvent appréhender les enjeux majeurs internationaux, régionaux et nationaux de cette autre bataille pour la reconquête et la préservation de la paix ; cette paix qui subordonne le développement durable, la sauvegarde des ressources, la protection de l’environnement et la survie de l’humanité.
C’est le lieu de remercier à nouveau la Communauté internationale et saluer ses efforts inlassables qui témoignent de l’amitié et de la fraternité historiques entre les peuples et les nations, réitérées envers la République Centrafricaine, mon pays fragile, qui se reconstruit peu à peu, après un conflit qui a affaibli les forces de l’Etat, y compris les moyens de défense et de sécurité, provoqué l’effondrement des infrastructures économiques et sociales, reculé l’Indice du Développement Humain et contraint de nombreux citoyens et expatriés, femmes et enfants, à l’exil et au péril, à la précarité et à la pauvreté.
L’histoire qui doit en être écrite précisément pour fournir des repères pédagogiques dans nos écoles aux fins d’accroître les connaissances ici et là , développer le savoir-faire et le savoir-être des générations présentes et futures, est en mesure de mettre en évidence la cruauté et la férocité des guerres, y compris contre le patrimoine mondial, qui présente un intérêt pour l’humanité.
Comme vous le savez, La République Centrafricaine a traversé de nombreuses crises dont la plus violente récemment et pour laquelle une solution de sortie de crise pacifique a été amorcée par la signature à Bangui d’un Accord Politique de Paix et de Réconciliation.
Mon pays est donc particulièrement sensible à la thématique à l’honneur de la conférence de ce jour.
La culture de la Paix à travers l’Éducation et la préservation du Patrimoine de la RCA comme héritage pour les générations futures constituent des leviers inévitable à la construction d’une Paix durable.
En République Centrafricaine, le sentier vers la paix, est profondément marquée depuis le 6 février 2019 par l’ancrage de l’engagement renouvelé de la Communauté internationale qui s’est portée garante pour l’application de l’Accord Politique de Paix et de réconciliation nationale, signé par le Gouvernement centrafricain et les 14 groupes armés.
La portée de cet acte exceptionnel est à la hauteur de l’espérance immense que cet Accord a suscité chez mes Compatriotes.
En effet, l’Accord Politique de Paix et de Réconciliation contient les éléments fondamentaux pour enrichir notre patrimoine immatériel, renforcer notre identité et l’épanouissement de notre peuple.
L’Accord Politique de Paix et de Réconciliation renferme les jalons vers la restauration des valeurs que sont l’unité nationale, la paix sociale, la justice sociale et la solidarité nationale, la relecture de la loi sur les partis politiques pour qu’elle soit un vecteur de promotion des valeurs de paix et de cohésion.
L’accord a réaffirmé le principe constitutionnel de la lutte contre l’impunité, compris de tous, car il n’est plus imaginable que la paix en RCA soit encore possible à bâtir sur l’amnistie des crimes.
Un des puissants leviers de la sécurité collective, c’est le programme national de DDRR qui doit aider à la fin des violences comme tous les groupes s’y sont engagés d’autant plus qu’ils participeront activement à la conduite de ce processus que nous voulons diligente et arrimé à un dispositif solide, efficient et fonctionnel.
En appui à ce processus, la réforme du secteur de la sécurité créera les conditions optimales pour la refondation des forces de défense et de sécurité véritablement nationales et républicaines. Certains des nouveaux éléments proviendront des groupes armés après avoir réussi le cursus de certification dont les normes ont été établies par l’EUTM et la MINUSCA.
Dans cette dynamique d’approche globale de la problématique paix et sécurité, l’Accord a permis une avancée notable en abordant des questions spécifiques telle que celle liée aux mouvements de transhumance qui sont devenus des sources d’insécurité.
En prenant en charge de manière appropriée cette question, nous voulons engager les partenaires et les pays voisins à agir de façon concertée pour gérer cette question dont les implications sécuritaires sont considérables sur le plan des relations entre les communautés, sur le plan national mais aussi au niveau sous-régional.
Finalement, nous sommes fiers d’une démarche qui nous rassure grâce à sa vision systémique et constructive, et qui saura véhiculer des leçons pour instruire le dialogue entre les peuples et les nations, pour prévenir des effets dévastateurs que peuvent engendrer l’incapacité de l’homme à créer et à maintenir la paix partout dans le monde.
Je vous remercie.