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Le grand crû des films africains de 2022

Le cinéma africain ne manque pas de ressources pour produire de très bon films. Et cette année ne fait pas…

Le cinéma africain ne manque pas de ressources pour produire de très bon films. Et cette année ne fait pas exception. En 2022, il y a du bon crû. On trouvera presque de tous les genres, du thriller, du drame, du social, de l’horreur même et un petit soupçon de comédie. Parmi ce panel de films, nous en présentons trois.

L’homme qui a vendu sa peau

Et on commence par L’homme qui a vendu sa peau, de Kaouther Ben Hania. Le film est “Made in Tunisie”. Le film raconte l’histoire de Sam, un Syrien de Raqqa, qui a quitté sa terre natale pour le pays voisin, le Liban, à cause de la guerre civile. Sa fiancée, Abeer, est forcée par sa famille à épouser un diplomate fortuné et à s’installer au cœur de l’Europe Bruxelles. Sam, amoureux d’Abeer, se lance dans une quête d’argent et de papiers qui lui permettront de rejoindre sa bien-aimée en Europe. Le jeune homme est prêt à tout, même à faire de son corps une toile vierge. Il se fait tatouer le dos pour obtenir un visa Schengen par l’une des artistes les plus controversés et prisés du monde occidental. Ainsi, son propre corps devient une œuvre d’art vivante qui est exposée dans un musée. Cependant, Sam se rend vite compte qu’il a vendu plus que sa chair…

Dans son film, la tunisienne raconte avec satyre les failles d’une société contemporaine à la merci du capitalisme. Hania dénonce les dérives d’un système qui pousse les gens ordinaires à marchander  et commercialiser ce qu’ils ont de plus “chair” et de plus intime, leur corps.

“L’homme qui a vendu sa peau » peint la société contemporaine et toutes ses vices, à savoir la place qu’occupe encore l’éthique ou la morale chez l’Homme ; les dérives de l’univers de l’art contemporain, prêt à s’extasier sur des œuvres jugées innovantes sans prendre en compte le respect et le caractère sacré de l’homme ; la situation des réfugiés et les conséquences de l’immigration à tout prix, etc.” analyse très justement Merveille Jessica Atipo pour l’Agence d’information d’Afrique Centrale.

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Plumes

Voyageons maintenant en Egypte, avec le film “Plumes” d’Omar El Zohairy.

Le héros principal de l’histoire est une mère passive, Oum Mario (jouée par Demyana Nassar), dévouée à son mari et ses enfants. Enfermée dans un quotidien monotone, sa vie est rythmée de tâches banales et répétitives. Discrète, la femme au foyer se fait aussi petite que possible. Et puis un jour, un prestidigitateur de pacotille venu distraire les enfants pour l’anniversaire de son fils exécute un tour de magie. Mais tout tourne mal et c’est une avalanche de catastrophes absurdes et improbables qui s’abat sur la famille. Le magicien transforme le mari d’Oum Mario en poule. Celle-ci n’a d’autre choix que de sortir de sa réserve et assumer le rôle de cheffe de famille. Durant le film, elle remue ciel et terre pour retrouver son mari tout en luttant pour sa survie et celle de ses enfants. Petit à petit elle devient une femme indépendante et forte.

Le film est un enchaînement de séquences ubuesque, rythmé de long silence qui installent tantôt un certain malaise, tantôt la curiosité de ce qui risque de suivre après ces moments suspendus. Ce qui rend le film d’autant plus intéressant est le choix des acteurs. Ces derniers sont tous des non professionnels et parlent avec l’accent rural de la Haute-Egypte. Demyana Nassar est elle-même en réalité une habitante du village d’Al Barsha, en Haut-Egypte ainsi qu’une femme au foyer.

Silverton Siege

Nous quittons la région de l’Afrique du Nord pour nous rendre en Afrique du Sud avec le film Silverton Siege de Mandlakayise Walter Dube, Jr.

Comme tout l’indique dans le titre, le film se base sur l’histoire vraie d’un siège qui a eu lieu à Silverton, Pretoria en 1980. Trois hommes de l’uMkhonto we Sizwe (Lance de la Nation) du Congrès national africain ont braqué une banque à Silverton, Pretoria. Le braquage s’est passé à la suite d’une tentative ratée de déstabiliser l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid en sabotant une raffinerie de pétrole. Le trio a kidnappé 25 personnes et exigé la libération de Nelson Mandela. Le thriller d’action réinvente  les circonstances et ajoute une touche d’artifices hollywoodiens d’intrigue à l’ancienne. Et cela s’explique par le fait que le film a été diffusé sur le géant du streaming, Netflix.

Dans l’ensemble, le film est agréable à voir. Le casting du film fait un excellent travail pour capter l’attention du public et l’ancrer dans ses personnages. La réalisation de Mandlakayise Walter Dube est sans aucun doute la plus grande caractéristique distinctive du film, embrassant les techniques et les trames qui font des thrillers d’action des œuvres d’art si captivantes.


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