Les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se réunissent depuis mardi dans la capitale gabonaise pour évoquer la « consolidation des acquis » et les « perspectives » de l’organisation.
La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a choisi Libreville pour abriter la première édition de ses états généraux. Quinze ans après la mise en œuvre du programme de réformes institutionnelles, les responsables de l’organisation souhaitent évaluer cette expérience. « À travers l’initiative des états généraux, la communauté veut tirer les enseignements reçus des 15 années d’expérience de mise en œuvre des réformes institutionnelles d’une part, et optimiser son système institutionnel face aux défis majeurs qui l’interpelle désormais d’autre part », expliquent les organisateurs.
En plaçant l’événement sous le thème « consolidation des acquis et perspectives », ils indiquent clairement qu’ils n’excluent pas un changement de politique monétaire comme c’est le cas dans certaines régions du continent. Ils ne comptent toutefois pas adopter la même démarche que leurs collègues ouest-africains, précise le président de la Commission de la Cemac, le Gabonais Daniel Ona Ondo.
« Cette réforme est en cours, mais nous avons un mandat de confidentialité. (…) C’est une volonté de chefs d’État. Les gens, contrairement à ce qu’on entend ici et là, croient que les chefs d’États ne s’intéressent pas à la réforme. Mais c’est absolument faux. Nous avons eu mandat, la commission de la Cemac et la Banque centrale ont fait des conclusions aux chefs d’État sur la conduite à donner à l’évolution de franc CFA », a-t-il indiqué, s’empressant de préciser qu’une éventuelle réforme du franc CFA de l’Afrique centrale ne serait « pas un copier-coller ».
« Naturellement, les gens voient ce qui se passe actuellement en Afrique de l’Ouest avec l’Eco. De vous à moi, cela n’a pas beaucoup avancé en Afrique de l’Ouest. La seule avancée en Afrique de l’Ouest, c’est qu’ils ne déposent plus leurs réserves aux comptes d’opérations. La France leur a remis leurs réserves », a noté l’ancien Premier ministre gabonais.
En Afrique de l’Ouest, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) réunit huit pays qui partagent le franc CFA. Avec les sept autres pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), un accord a été trouvé avec la France depuis près de trois ans pour un changement de nom du franc CFA vers l’Éco. Mais la mise en œuvre des réformes tarde depuis lors face au scepticisme de pays anglophones, tels que le Nigeria, craignant la mainmise de la France dans cette monnaie, selon certains observateurs.
De son côté, la Cemac, qui souhaite fusionner également avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), veut apprendre de cette leçon pour partir sur de bonnes bases. « La réforme est en cours. Nous réfléchissons. Nous avons déjà fait des propositions aux chefs d’État, raconte le président de la Commission de la Cemac. Nous attendons la prochaine réunion du conseil des chefs d’États pour pouvoir leur donner les résultats de nos consultations », a dit optimiste Daniel Ona Ondo.