Le Président de la République est arrivé ce mardi matin à Bruxelles en Belgique pour une série de rencontres d’amitié et de travail.
A peine installé à Bruxelles, le Chef de l’État et la forte délégation qui l’accompagnent ont mis un cap sur Anvers. Dans la capitale mondiale du diamant, le Président TOUADERA a rencontré Messieurs NISHIT PARKH et Stéphane FISCHER, respectivement Président du Conseil d’Administration et Président du Centre Mondial du Diamant ( World Diamonds Center).
Le Président TOUADERA a présidé deux réunions avec les diamantaires avant de se rendre au musée du diamant où il a prononcé un discours-plaidoyer en faveur de la levée de l’embargo imposé par le processus de Kimberley pour lutter contre les diamants de sang.
Voici l’intégralité du discours du Chef de L’État
Mesdames et Messieurs ;
Permettez-moi tout d’abord d’exprimer toute ma gratitude à la Province d’Anvers et au Directeur Général du Centre Mondial du Diamant d’Anvers pour l’accueil chaleureux qui m’a été réservé ainsi qu’à ma délégation dans le District du Diamant d’Anvers et dans le nouveau musée du diamant Diva.
Je puis vous assurer que cette visite nous a beaucoup édifiés sur l’excellente condition dans laquelle opère Anvers, en tant que centre névralgique du commerce du diamant.
Nous avons beaucoup appris, d’autant que mon gouvernement est animé de la volonté politique de relancer les liens commerciaux qui existent depuis toujours entre la Belgique et la République Centrafricaine depuis plus de cinquante ans.
Je voudrais souligner que depuis 2013, début de la crise politico-militaire, dans mon pays, la filière diamant a connu une désorganisation depuis la production jusqu’à la commercialisation.
Dès mon accession à la magistrature suprême de l’Etat en mars 2016, j’ai instruit le Ministre chargé des Mines de veiller à la stricte application des directives du cadre opérationnel édicté par le Processus de Kimberley en vue d’obtenir la levée de l’embargo sur les diamants qui prive l’Etat d’importantes ressources.
Cet embargo, imposé par le Processus de Kimberley pour lutter contre les diamants de sang est devenu inefficace, car les groupes armés exportent les diamants exploités illégalement, grâce aux réseaux et marchés parallèles.
Mesdames et Messieurs ;
Vous comprendrez aisément qu’il existe un problème actuel au niveau du diamant centrafricain et qui nous interpelle tous.
Je voudrais saisir cette occasion pour rendre hommage à la Présidence de l’Union Européenne du Processus de Kimberley en 2018, représentée par Madame HILDE HARDEMAN et son Équipe de surveillance, qui ont pris la décision de ramener à 7 jours, le délai d’approbation des expéditions.
Je voudrais aussi saluer le Gouvernement Belge et l’Union Européenne qui envisagent en ce moment les possibilités d’apporter un appui conséquent à la réhabilitation des locaux et à la fourniture en équipements de nos services déconcentrés, particulièrement dans les zones actuelles éligibles à l’exportation de nos diamants.
L’État centrafricain pour sa part s’est engagé à suivre les diligences prescrites par le Processus de Kimberley et prendra toutes les mesures idoines tant fiscales que sécuritaires pour garantir l’essor des sociétés de commerce du diamant opérant dans le pays.
Notre souhait est de partenaires qui respectent les normes internationales, telles que les lignes directrices de l’OCDE en matière de vérification pour une chaîne d’approvisionnement responsable des minéraux provenant des régions touchées par un conflit ou à risque élevé.
Nous constatons avec regret que les exportations de pierres précieuses profitent plus aux trafiquants et aux groupes armés qu’à la caisse de l’Etat centrafricain.
En effet, s’il y a un pays qui profite peu de ses richesses minières, c’est bien la Centrafrique. Il y a une forme de malédiction des ressources ou « ressources curse » qui pèse sur le pays.
En effet, la République Centrafricaine, mon pays, qui vient de traverser une des crises les plus graves de son histoire, est entrain aujourd’hui, avec l’appui de la Communauté internationale, d’en sortir de manière progressive.
Suite à un long processus de dialogue et de négociations, soutenu par la Communauté Internationale, un Accord de Paix et de Réconciliation a été signé le 6 Février 2019 à Bangui avec les groupes armés.
Pour arriver à ce résultat, le gouvernement avait réussi à bâtir des compromis historiques avec les groupes armés.
Des actions concrètes ont déjà été proposées pour répondre aux différents défis et conduire toute la population à un changement de mentalité favorable à la paix et au développement de notre pays.
Le Gouvernement travaille actuellement d’arrachent pied pour créer les conditions incitatives et améliorer le commerce du diamant en République Centrafricaine.
C’est pourquoi, du haut de cette tribune, j’invite d’autres grandes sociétés comme DEBEERS et AL ROSA, avec lesquelles mes collaborateurs ont déjà pris contact à venir s’installer en République Centrafricaine.
La façon la plus appropriée est d’établir un plancher minimum sur la base duquel les entreprises les plus solides seraient en mesure de démontrer des exportations officielles d’un certain volume. Tous les bureaux d’achat existants peuvent participer en démontrant leur capacité à formaliser les exportations et à se retirer de tout engagement dans le circuit informel.
Un décret présidentiel a été préparé et sera publié dans les jours et les semaines à venir, modifiant le décret d’application du code minier et créant notamment:
L’obligation pour les bureaux d’achat d’exporter au moins 1,75 milliards de F CFA de diamants par trimestre (environ 3 millions USD).
La suspension ou le retrait de l’agrément pour les bureaux d’achat qui ne démontreraient pas le montant minimum d’exportations.
Ces arguments majeurs en plus justifient le besoin urgent d’une remise à plat complète de la législation fiscale applicable au secteur du diamant dans le cadre d’une nouvelle loi de finance et d’établir un taux favorable est surtout en ligne mais aussi compétitive avec nos pays voisins.
Compte tenu de ce qui précède, il est urgent de modifier certaines dispositions fiscales, de manière à créer un cadre fiscal équilibré capable de permettre la « reformalisation » du secteur du diamant en RCA et la reprise des recettes fiscales de l’État pour ce secteur.
Mesdames et Messieurs ;
Je disais qu’ensemble nous devons trouver des solutions à la relance du commerce du diamant centrafricain, réputé jadis pour sa qualité.
La communauté du diamant et certains Etats doivent aider et appuyer la République Centrafricaine à lutter contre les prédateurs dans le domaine du diamant.
Il s’agit notamment de trouver des mécanismes pour rapatrier au profit de l’Etat centrafricain les lots de diamant illégalement exportés et saisis.
Par ailleurs, il importe de trouver un mécanisme au sein du Processus de Kimberley pour rendre plus fluide les exportations du diamant et confisquer les comptes de toute personne reconnue comme trafiquant du diamant.
Je vous remercie.