Peu de test Covid-19 et défiance envers les autorités: le marché noir de la santé au Nigeria

Sur les groupes Whatsapp et dans les cliniques privées, les kits de tests de coronavirus se vendent au marché noir: au Nigeria, le nombre de tests officiels est insignifiant et peu ont confiance dans le système de santé public.

Le manque d’accès aux tests est un problème mondial, et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne, où il y a un « énorme fossé » par rapport aux autres pays, a déclaré la semaine dernière le directeur du Centre de contrôle des maladies de l’Union Africaine, John Nkengasong.

Toutefois, au Nigeria, pays de 200 millions d’habitants – le plus peuplé du continent – ce « fossé » est encore plus criant qu’ailleurs.

La première économie d’Afrique n’a réalisé à ce jour que 7.100 tests officiels.

A titre de comparaison, le Ghana, avec une population six fois moins importante (30 millions d’habitants) en a réalisé neuf fois plus, avec plus de 68.000 (chiffres du 20/04).

L’Afrique du Sud, avec une population trois fois moins nombreuse, en a réalisé près de 114.000.

– « Demande inimaginable » –

« Nous n’avons aucune idée de l’ampleur de la propagation du Covid-19 au Nigeria », affirme un responsable d’un laboratoire médical privé.

Ce laboratoire a commandé des milliers de tests et une machine qui leur permettrait de réaliser plusieurs centaines de tests par heure, et « attend le feu vert du gouvernement », affirme cette source à l’AFP.

Mais « la demande pour ces kits hors des circuits officiels est inimaginable » et suscite un marché parallèle, rapporte ce responsable.

« Une ambassade voulait commander des milliers de tests (pour ses ressortissants), on les a renvoyés vers la NCDC », la Commission nationale de gestion des maladies, rapporte-t-il.

Certains criminels tirent néanmoins partie de cette demande, et le gouvernement a récemment mis en garde les Nigérians contre des publicités de « tests à faire à domicile frauduleux » qui « fleurissent sur la Toile ».

Comme dans de nombreux pays au monde, et pour des raisons évidentes de sécurité, les équipements spécialisés et les tests sont encadrés par les autorités officielles.

La NCDC conduit des programmes de tests en « porte à porte » à Abuja, et l’Etat de Lagos, épicentre des contaminations, tente de développer un réseau de dépistage dans tous ses quartiers.

A la mi-avril, le Nigeria comptait 12 laboratoires pour ses 36 Etats, avec une capacité de traiter entre 1.000 et 1.500 tests par jour.

– Secteur public à genoux –

Mais après des décennies de négligence, le secteur public de la santé est à genoux.

Près de 80% des institutions de santé dans le pays n’ont pas l’eau courante, rappelait Dr Francis Faduyile, le président de l’Association des médecins du Nigeria (NMA) le mois dernier.

« Mes patients ont peur que je les dénonce à la NCDC », raconte à l’AFP le médecin d’une clinique privée. « Avant de venir en consultation, ils me demandent +Si je viens, vous ne m’enverrez pas à Yaba?+ », en référence à l’un des centres d’isolation Covid-19 à Lagos.

Ce médecin, début avril, avait déjà vu une dizaine de patients suspectés d’avoir été contaminés par le coronavirus, mais un seul a accepté d’être testé: un coup d’épée dans l’eau, puisque les autorités sanitaires ont réalisé son test plus de 15 jours après s’être déclaré au NCDC, soit après la période d’incubation du virus.

Le rythme des tests officiels est « trop lent », regrette Zouera Issoufou directrice générale de la Fondation Dangote, qui porte le nom de l’homme le plus riche d’Afrique et partenaire privé du gouvernement, qui a commandé 250.000 tests.

Mais la demande mondiale explose, et « ils arrivent au compte-goutte », explique-t-elle.

Si le nombre officiel de décès liés au Covid-19 reste extrêmement faible dans un pays dans un pays si peuplé qui n’enregistre qu’une vingtaine de décès, « c’est que l’on ne teste pas les gens », assène Mme Issoufou.

– Des tests « dans son coin » –

Le Dr Richard Banda de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Nigeria, s’inquiète de ce marché parallèle et rappelle qu’il est « très dangereux de faire des tests dans son coin, dans des laboratoires privés, avec un risque de propagation du virus ».

Pour lui, « le manque d’informations fiables données lors des opérations de traçabilité est le problème majeur dans la lutte contre le Covid-19 au Nigeria ».

« Il y a encore beaucoup de stigmatisation autour de la maladie », conclue-t-il.

Un patient a été admis fin mars à l’hôpital universitaire de Lagos (LUTH), présentant tous les symptômes du coronavirus. Sa famille a menti, en omettant de dire qu’il avait déjà été testé positif.

« Ils avaient peur qu’on ne le prenne pas s’ils disaient la vérité », raconte un médecin à l’AFP. Le patient est finalement décédé et en plus des risques présentés pour les autres patients de l’hôpital, quatre médecins ont du être placés en quarantaine.

Dans un pays qui compte seulement 0,4 médecin pour 1.000 habitants (contre plus de 4 en France, selon les chiffres de la Banque Mondiale), « c’est très lourd pour nous », confie ce médecin du LUTH sous couvert d’anonymat.

Le personnel soignant comptait déjà 4 décès sur les 21 morts recensés officiellement au lundi 20 avril.

En télétravail, des Iraniennes luttent pour garder job et statut malgré le Covid-19

De l’effervescence électrisante des locaux de la start-up où elle exerce au télétravail isolée, Fereshteh a dû s’adapter face à la maladie Covid-19, comme nombre d’Iraniennes ayant décroché des jobs intéressants dans la high-tech et qui vont devoir se battre pour garder ce statut lors de lendemains incertains.

La voix un peu fatiguée au téléphone, contrastant avec le ton énergique qu’elle avait lorsque l’AFP l’a rencontrée dans son entreprise Alibaba il y a quelques semaines, Fereshteh Kasrai confie sur un ton malicieux être « plus efficace en télétravail… ».

« Mais émotionnellement, c’est dur, je ne suis pas habituée à rester aussi longtemps chez moi et l’interaction avec mes collègues me manque », dit cette Iranienne de 44 ans qui vit seule à Téhéran.

Cette responsable des ressources humaines ne cache pas ses « inquiétudes » pour l’entreprise, créée il y a cinq ans et dont le coeur du métier – le business du voyage – est très impacté.

Même si face au Covid-19, l’adaptation au pied levé à de nouvelles façons de travailler a été le mot d’ordre pour elle et ses collègues féminines afin de ne pas perdre ce statut souvent difficilement acquis.

Fereshteh a instauré de nouvelles routines avec ses équipes entre « vidéoconférences matinales sur Skype ou sur Zoom » et échanges « sur les projets en cours ».

A Alibaba, la majorité des employés est en ce moment en télétravail. Sans être officiellement confinés, les Iraniens – durement frappés par l’épidémie avec plus de 5.200 morts officiellement – ont été appelés à rester chez eux.

– « Iran Silicon Valley » –

En temps normal, entrer dans le grand entrepôt abritant le siège d’Alibaba à Téhéran, c’est entrer dans un autre Iran, loin des quartiers pauvres aux immeubles décrépis, des villes à l’histoire plurimillénaire ou des campagnes endormies.

Un panneau « Iran Silicon Valley » accueille le visiteur. On croise dans une ambiance branchée des food truck à cookies, des coussins géants dans les espaces de repos et des bureaux vitrés abritant des employés concentrés sur des ordinateurs Apple.

Des dizaines de jeunes femmes, en jean slim et foulard dévoilant largement leur chevelure, y travaillent avec des collègues masculins, dans une mixité qui ne va pas de soi partout en République islamique d’Iran.

Sur près de 700 employés à Alibaba, on compte 42% de femmes.

Certaines d’entre elles, comme Fereshteh – qui lors de sa rencontre avec l’AFP affichait un look travaillé, ongles vernis bleu et rouge à lèvres cerise – ont décroché des postes à responsabilité, un défi dans cette société très patriarcale.

Les plafonds de verre culturels et familiaux restent en général encore un frein dans la carrière des Iraniennes et notamment pour accéder aux postes de direction.

Plusieurs employées d’Alibaba témoignent des obstacles auxquels elles ont été confrontées dans le monde du travail, de l’avancement impossible sans réseau aux structures hiérarchiques trop lourdes.

« J’ai travaillé dans trois autres grandes entreprises, semi-privées ou liées au gouvernement, et j’ai eu le sentiment qu’il était très dur d’y évoluer, qu’il vous fallait impérativement connaître des gens influents », raconte Anis Amir Arjmandi, brune de 33 ans à l’abord chaleureux, directrice juridique à Alibaba.

Pour sa collègue Fatemeh Ashrafi, 38 ans, « dans une start-up, il y a plus d’espace pour faire entendre ses points de vue » et avoir des responsabilités. « On peut rencontrer nos managers quand on le souhaite, pas besoin d’attendre derrière leurs portes qu’ils nous accordent un peu de leur temps… »

Les « start-up sont dirigées par des générations plus jeunes, plus progressistes », souligne le journaliste spécialisé dans la high tech Khosro Kalbasi, basé à Téhéran.

Et de fait, le nombre de femmes dans les entreprises de high tech « a augmenté ces dernières années », relève-t-il, alors que selon lui l’Iran est l’un des pays les plus connectés du Moyen-Orient – avec un taux de pénétration de 87,19% pour internet et de 76,58% pour le web sur mobile (chiffres officiels).

– « Possibilité d’innover » –

Selon Azadeh Kian, professeur de sociologie à Paris et spécialiste de l’Iran, « 70% des étudiants en ingénierie et en sciences sont des étudiantes » dans ce pays.

« C’est aussi un secteur où elles savent qu’elles peuvent avoir plus de marge de progression et la possibilité d’innover ».

Fereshteh a pu constater que « les femmes imposent de plus en plus leurs voix dans le milieu du travail », se félicitant qu’à Alibaba le « vieux cliché selon lequel un programmeur doit absolument être un homme » a été brisé.

Le secteur des start-up, qui avait commencé à se développer dans les années 2000, a décollé à partir de 2013.

Mais les nouvelles technologies et l’utilisation des smartphones ont été durement touchées par le rétablissement en 2018 des sanctions américaines.

Effet inattendu des sanctions cependant: des entrepreneurs iraniens ont saisi l’occasion pour lancer leurs start-up, en s’inspirant de géants mondiaux bloqués en Iran pour créer un équivalent local, profitant d’un environnement protégé de la concurrence étrangère.

Parmi les plus réputées : Snapp (équivalent d’Uber), Digikala (pendant d’Amazon), cafe Bazaar (plateforme proposant des applications et des jeux développés par des Iraniens), Alibaba ou Tap30 (autre équivalent local d’Uber qui compte 1.400 employés à travers le pays.)

A Tap30, Mona Ahmadi, qui dirige à 33 ans 140 employés du centre d’appel, dit avoir trouvé « un bon job et un statut social ».

Au sein de cette société, « 45% de nos employés sont des femmes, la plupart ont moins de 30 ans et elles sont présentes dans tous les secteurs: marketing, technique, ressources humaines, centre d’appel », se félicite Negar Arab, 37 ans, responsable de la communication. Les équipes du juridique, des finances et de la communication y sont dirigées par des femmes.

L’une des réussites les plus marquantes dans ce secteur est aussi celle de Nazanin Daneshvar, 36 ans. Le site de vente au détail Takhfifan, co-fondé avec sa soeur il y a huit ans, est aujourd’hui la plus grosse start-up créée par une femme en Iran, employant 350 personnes.

On la remarque dans le e-commerce, où « pas assez de femmes » accèdent encore aux très hauts postes de direction, estime-t-elle.

En ce moment, ses bureaux sont fermés, le télétravail est généralisé. Certains employés ont pris des vacances, explique au téléphone d’une voix éprouvée Nazanin, le babillage de son bébé en fond sonore.

« Pour être honnête, c’est un grand choc (…) nos ventes ont considérablement chuté », confie-t-elle. « Nos employés font vraiment du bon boulot (…) mais ça prend énormément de temps et c’est épuisant » de télétravailler et gérer les équipes à distance.

– Pressions familiales –

Même avant la crise du Covid-19, le quotidien de cette entrepreneure était « encore difficile ».

Il y a quelques années, « il fallait que j’emmène mon père à tous mes rendez-vous (avec des investisseurs) car personne ne me prenait au sérieux comme manager, alors je disais que c’était lui le manager de ma société ».

Déjà en temps normal, « beaucoup n’arrivent pas à gérer la pression de leurs maris ou de leurs mères pour être moins impliquées dans leur travail; j’ai des employées qui ont démissionné parce qu’elles ne pouvaient plus assurer ce qu’on attend d’une femme traditionnelle ».

Dans cette période où nombre d’Iraniennes télétravaillent, les pressions familiales sont encore plus prégnantes, témoigne Nazanin.

Negar, la responsable de communication de Tap30, qui comme les autres entreprises accuse le coup de la crise sanitaire, a vu tout son quotidien chamboulé. Elle confie être « très occupée » entre le télétravail et s’occuper de sa fillette et de sa famille.

Et avec de probables suppressions d’emploi liées aux crises sanitaire et économique, les femmes risquent d’être plus visées que les hommes.

Notamment dans les entreprises gouvernementales et semi-gouvernementales où « la plupart des postes de direction sont occupés par des hommes et les postes moins prestigieux par des femmes », relève Anis Amir Arjmandi la directrice juridique à Alibaba.

Elle critique ainsi « la persistance d’un mode de pensée » où l’on préfère donner en priorité les emplois à des hommes parce qu’ils sont chefs de famille et doivent ramener l’argent à la maison.

« S’il y a le choix entre préserver le job d’une femme célibataire ou d’un homme marié, c’est ce dernier qui sera maintenu en poste; ce n’est pas juste mais c’est comme ça dans cette mentalité ».

ONU: les pays de l’Assemblée générale s’arrogent un droit de veto

Les 193 pays de l’Assemblée générale de l’ONU ont adopté lundi une résolution appelant à un « accès équitable » aux « futurs vaccins », lors d’une procédure singulière liée au Covid-19 qui revient à leur donner un droit de veto inédit dans cette enceinte.

Non contraignant, le texte du Mexique adopté par consensus demande de « renforcer la coopération scientifique internationale pour combattre le Covid-19 et d’intensifier la coordination », y compris avec le secteur privé.

En temps ordinaire, les membres de l’Assemblée générale n’ont pas de droit de veto, privilège depuis la création de l’Organisation il y a 75 ans des seuls cinq membres permanents du Conseil de sécurité: Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume Uni.

En temps ordinaire, ils approuvent les textes par consensus sans scrutin ou à la majorité des voix lors de votes électroniques ou par bulletins secrets lorsqu’il s’agit d’élections.

Sans possibilité de se réunir pour cause de confinement, l’Assemblée a imaginé une nouvelle procédure applicable jusqu’à fin mai, voire fin juin si les services médicaux de l’ONU confirment leur recommandation d’éviter jusqu’à cette échéance tout rassemblement physique au siège à New York.

Lorsqu’un pays finalise un projet de texte, il le transmet au président de l’Assemblée qui lance un vote « sous silence » avec un terme quelques jours plus tard. Si aucun membre ne casse le silence, le texte est considéré comme adopté. A défaut, il est rejeté.

Autrement dit, chaque membre de l’ONU dispose d’un « droit de veto » sur le texte d’un autre, confirment des diplomates. Avec aussi le risque de se voir cloué au pilori par tous les autres s’il active seul la rupture de silence.

Pour l’Assemblée, la nouvelle procédure était indispensable pour continuer à adopter des textes ne pouvant être repoussés, comme des autorisations budgétaires. Elle pousse certes au consensus et à l’adoption de textes. Mais elle donne aussi le droit à un pays de bloquer l’ensemble de la machine onusienne…

Dans le cas de la résolution mexicaine, consensuelle, personne ne s’y est risqué. Pas plus que lors de la première adoption d’un texte portant sur le Covid-19 le 3 avril qui réclamait une « coopération » internationale pour mieux lutter contre la maladie.

En revanche, ce même 3 avril, un texte de la Russie appelant à la levée de sanctions internationales au motif de faciliter aussi le combat contre le Covid-19 a été sèchement bloqué par l’Ukraine, la Géorgie, les Etats-Unis et l’Union européenne.

– Sueurs froides –

Cette semaine, Moscou revient à la charge avec un nouveau projet de résolution qui demande encore de s’abstenir de sanctions. Son texte prévoit un engagement des Etats membres « à faire face aux défis mondiaux en bons voisins, en s’abstenant d’appliquer des mesures protectionnistes et discriminatoires en contradiction avec les règles de l’Organisation mondiale du Commerce ».

Il est soumis à un vote « sous silence » expirant mercredi à 16h00 GMT. Tout comme un projet de l’Arabie Saoudite, présidente du G20, insistant sur la nécessaire « coopération » face au Covid-19.

Selon des diplomates, le projet saoudien devrait être adopté alors que la nouvelle initiative russe est vouée à l’échec.

La nouvelle procédure d’adoption instituée par l’Assemblée générale était « nécessaire mais elle est incomplète », analyse un diplomate sous couvert d’anonymat. Les consultations avant le vote sont limitées, et sans unanimité il n’y a pas d’adoption. « C’est moins démocratique » qu’avant, estime le même diplomate.

Pour mettre de l’ordre dans les propositions de textes sur le Covid-19 afin d’éviter une « prolifération » sur un même sujet, l’Assemblée générale s’est dotée lundi de deux « coordonnateurs » (Afghanistan et Croatie).

L’Espagne et l’Egypte, qui travaillent sur des résolutions sur la protection des femmes et des filles, pourraient être contraintes de s’entendre sur un texte unique avant une mise au vote.

L’Assemblée devra aussi trancher le cas épineux de l’élection de cinq nouveaux membres non permanents au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022, programmée le 17 juin.

A défaut d’une rencontre dans la vaste chambre de l’Assemblée au siège de l’ONU, y aura-t-il un vote électronique pour ce scrutin habituellement secret avec bulletins et urnes? Comment éviter les manipulations et garantir la transparence de la procédure?

Parmi les candidats faisant face à des rivaux – Canada, Irlande, Norvège, Djibouti, Kenya -, certains ont déjà des sueurs froides, selon des diplomates.

Séoul minimise des informations sur l’état de santé de Kim Jong Un

La Corée du Sud a minimisé mardi des informations selon lesquelles le leader nord-coréen Kim Jong Un aurait été récemment opéré, alors que certains observateurs s’interrogent sur son absence lors de célébrations à Pyongyang la semaine dernière.

La Corée du Nord a célébré le 15 avril le 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il Sung, qui est le grand-père du dirigeant actuel. Cette date est de loin la plus importante du calendrier politique au Nord. Mais Kim Jong Un n’a été vu sur aucune des photographies diffusées par la presse officielle.

Daily NK, un média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection, a affirmé que le leader nord-coréen avait été opéré en avril pour des problèmes cardio-vasculaires, et qu’il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan du Nord.

« La raison du traitement cardio-vasculaire urgent qu’a subi Kim était son tabagisme excessif, son obésité et sa fatigue », affirme Daily NK en citant une source nord-coréenne non identifiée.

Cette information n’a pas été confirmée. Mais elle a suscité un déluge de spéculations.

Citant un responsable américain, CNN rapporte de son côté que Washington « étudie des informations » selon lesquelles Kim Jong Un est « en danger grave après une opération chirurgicale », sans dire si ces « informations » sont en fait l’article de Daily NK.

« Nous n’avons rien à confirmer et aucun mouvement particulier n’a été détecté en Corée du Nord », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.

Certains responsables sud-coréens ont cependant fait part de leurs doutes quant à la crédibilité des informations de Daily NK.

La couverture de l’actualité nord-coréenne est particulièrement compliquée, en particulier pour tout ce qui a trait à la vie privée de M. Kim, qui est un des secrets les mieux gardés du régime.

Le ministère sud-coréen de l’Unification, qui gère les questions intercoréennes, et celui de la Défense se sont refusés à tout commentaire.

Moon Chung-in, conseiller à la sécurité du président sud-coréen Moon Jae-in, a dit à l’AFP n’avoir rien entendu de spécial concernant la santé de M. Kim.

La dernière fois que les médias nord-coréens ont fait état des activités de M. Kim remonte au 12 avril. Et ce n’est pas la première fois que son « absence » alimente toute sorte de spéculations.

Certains experts ont dès lors appelé à la plus grande prudence.

« Il n’y a aucune confirmation à ce stade et il est trop tôt pour tirer des conclusions sur son état de santé », a estimé Ahn Chan-il, un transfuge du Nord devenu chercheur à Séoul.

Il a relevé qu’une opération du coeur impliquait du matériel médical de pointe qui ne se trouve « que dans des établissements de Pyongyang ». Il ne serait « pas raisonnable » de le transporter ailleurs pour l’opération.

Coronavirus: le pétrole rebondit, l’Europe assouplit ses restrictions

Forts de signes de ralentissement de l’épidémie de coronavirus, certains pays d’Europe, dont l’Allemagne, commencent à assouplir progressivement le confinement qui a mis l’économie à l’arrêt et provoqué un effondrement historique du prix du pétrole, lequel rebondit toutefois mardi après avoir atteint un niveau négatif jamais vu dans l’histoire.

Le cours du baril, passé en-dessous de zéro pour la première fois face à une chute vertigineuse de la demande et à des réserves américaines proches de la saturation, reprend un peu de force mardi matin en Asie, pour revenir légèrement au-dessus de zéro. Le baril de 159 litres de pétrole brut coté à New York pour livraison en mai avait terminé lundi à -37,63 dollars, après un plongeon épique.

« Le problème c’est qu’en ce moment dans le monde, personne ne conduit de voiture », a observé le président américain Donald Trump. « Les usines sont fermées et les commerces sont fermés. »

Pour le Premier ministre russe Dimitri Medvedev, une entente de type cartel pourrait expliquer cette chute spectaculaire du prix de l’or noir. « Ce à quoi nous assistons en matière de contrats à terme sur le pétrole rappelle beaucoup une entente de type cartel », a écrit mardi M. Medvedev sur sa page Facebook, préconisant des mesures pour calmer le marché.

Jugeant la pandémie de coronavirus « sous contrôle », l’Allemagne – qui recense 140.000 cas et environ 4.400 décès – a commencé à assouplir les mesures de confinement, une délicate opération dans une Europe cloîtrée depuis des semaines. Le Vieux continent a aussi payé, à ce stade, le plus lourd tribut à la maladie Covid-19, comptant près des deux tiers des plus de 168.000 morts recensés dans le monde lundi.

– « Incroyablement heureuse » –

Les autorités allemandes ont autorisé la réouverture des magasins d’une surface inférieure à 800 m2 : commerces d’alimentation, librairies, garages, magasins de vêtements et autres fleuristes peuvent de nouveau accueillir des clients.

A Leipzig, Manuela Fischer, propriétaire d’une boutique de mode, se disait « incroyablement heureuse » de rouvrir son commerce, en sortant ses modèles en terrasse sous le soleil printanier.

Lieux culturels, bars, restaurants, terrains de sports demeurent néanmoins fermés. Les grands rassemblements tels que les concerts ou compétitions sportives, sont toujours interdits, au moins jusqu’à fin août. Ecoles et lycées rouvriront progressivement à partir du 4 mai. Les rassemblements de plus de deux personnes restent proscrits, une distance minimale de 1,5 mètre est censée être observée dans les lieux publics, et le port du masque « fortement recommandé ».

La situation reste « fragile », a prévenu la chancelière Angela Merkel. « Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d’être sortis de l’auberge », a-t-elle déclaré, jugeant qu’il serait « extrêmement dommage de connaître une rechute ».

– « Morgue fermée » –

Cette stratégie de sortie de crise, mise en œuvre par l’Allemagne, locomotive économique du vieux continent, est scrutée par une Europe qui vit sous cloche depuis près d’un mois, et dont certains pays s’apprêtent à entamer le défi du déconfinement à mesure que la maladie y apparaît contenue.

Signe de l’urgence économique, la Banque d’Espagne prévoit pour 2020 une chute vertigineuse, « sans précédent dans l’histoire récente », de 6,6% à 13,6% du PIB de la quatrième économie de la zone euro en raison de la pandémie. Au Royaume-Uni, les entreprises ont fait faillite par milliers entre début mars et mi-avril et en bien plus grand nombre qu’il y a un an, d’après une étude parue lundi.

En Serbie, certaines mesures de restriction seront assouplies à partir de mardi. Les personnes de plus de 65 ans pourront ainsi sortir se promener trois fois par semaine, si elles restent près de chez elles.

La Norvège a commencé lundi à rouvrir ses « barnehager », établissements qui englobent crèches et école maternelle, premier pas d’une levée lente et progressive des restrictions décrétées mi-mars.

« Il était si impatient qu’on a dû quitter la maison plus tôt pour venir ici et voir les autres enfants », raconte Silje Skifjell au sujet de son aîné, après avoir confié ses deux garçons, Isaak et Kasper, au personnel. « Il était tellement heureux de revoir ses copains ».

Au Danemark, les petits commerces ont reçu lundi la permission de rouvrir leurs portes, à conditions d’appliquer de strictes mesures d’hygiène et de séparation.

La France, l’Espagne et l’Italie, très touchées par l’épidémie, se préparent elles aussi à de premières mesures de déconfinement dans les jours ou les semaines à venir.

L’Italie a été le pays le plus affecté (24.114 décès), suivi de l’Espagne (20.852), la France (20.265) et du Royaume-Uni (16.509), selon un dernier bilan établi à partir de sources officielles.

Certains de ces pays enregistrent des signaux encourageants: en Italie, le nombre de malades a baissé lundi pour la première fois, ce que le chef de la protection civile Angelo Borelli a qualifié de « donnée positive ». Et au Royaume-Uni, 449 morts ont été enregistrés lundi, soit le plus faible bilan quotidien depuis le 6 avril.

La France a fait lundi un premier pas en autorisant à nouveau, sous conditions, les visites aux pensionnaires des maisons de retraite.

En Italie, les premières mesures d’allègement ne seront pas prises avant le 3 mai. Mais peu à peu les entreprises rouvrent, même si c’est de façon partielle et avec beaucoup de précautions.

En Espagne, la morgue improvisée dans une patinoire de Madrid, un moment symbole de l’hécatombe, fermera mercredi.

– « Anti-confinement » –

En revanche au Royaume-Uni, le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines jeudi et le gouvernement n’envisage pas encore d’en sortir.

Même son de cloche aux Etats-Unis, pays officiellement le plus endeuillé au monde par le Covid-19, qui a déploré lundi 1.433 morts en 24 heures. Si Donald Trump a dévoilé un plan pour relancer l’économie de la première puissance mondiale, la majorité du pays est encore confinée. Au grand dam des Américains « anti-confinement » qui après le Texas et une dizaine d’autres Etats ce week-end, ont manifesté lundi à Harrisburg, en Pennsylvanie.

« La nouvelle normalité » nécessitée par le virus « ne veut pas dire que nous devons sacrifier nos libertés pour la sécurité de notre pays » a lancé, depuis le haut des marches du Capitole, un parlementaire local républicain, Aaron Bernstine, alors que la foule scandait « USA! USA! USA! », comme dans les meetings électoraux du président Trump, suspendus par l’épidémie.

Le président Trump a annoncé lundi soir une « suspension temporaire » de l’immigation aux Etats-Unis pour « protéger les emplois » des Américains.

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Nord-est du Nigeria: un infirmier de MSF meurt du Covid-19, le Borno décrète un confinement total

Le gouverneur de l’Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria, une région parmi les plus pauvres du monde décimée par 10 ans de conflit avec les jihadistes de Boko Haram, a annoncé lundi la mise en place d’un confinement total, après la mort d’un infirmer de Médecins sans frontières (MSF) des suites du Covid-19.

« J’ordonne un confinement qui implique la cessation de tout mouvement dans l’Etat du Borno pour une période initiale de 14 jours à compter de mercredi 22 avril 2020 », a fait savoir le gouverneur Babagana Zulum, dans un communiqué.

Plusieurs autres Etats ont déjà pris ces mesures très strictes dans le reste du Nigeria et celles-ci ont entraîné de fortes protestations sociales dans ce pays où près de la moitié de la population vit dans une extrême pauvreté.

Cette mesure a été mise en place à la suite de l’annonce de la mort d’un infirmier nigérian de MSF, testé positif au Covid-19 au cours d’une analyse post-mortem. C’est le premier cas déclaré de coronavirus dans le Borno, mais les Nations unies ont précisé qu’il « n’avait aucun antécédent de voyage en dehors de l’État de Borno ».

Les travailleurs humanitaires et les autorités locales ont mis en garde contre une catastrophe si le virus venait à se répandre parmi les quelque deux millions de personnes déplacées dans la région du lac Tchad, qui souffrent déjà de conditions sanitaires et médicales déplorables.

Cette région, qui est l’une des plus pauvres du monde, est extrêmement vulnérable avec sept millions de personnes dépendant déjà de l’aide humanitaire pour survivre et quasiment tous les services publics ont été anéantis par le conflit.

L’ONG MSF a déclaré qu’elle apportait son soutien aux autorités pour identifier « les personnes qui ont pu être en contact avec lui (le virus, ndlr) ».

MSF « continuera également à apporter son aide » dans cette région où le système de santé est défaillant après une décennie de guerre contre les jihadistes.

« Dans le but de protéger nos équipes et nos patients, MSF a renforcé ses mesures d’hygiène, ses contrôles et a mis en place des espaces d’isolement » pour les patients soupçonnés d’être positifs au coronavirus, selon le communiqué.

« Les acteurs humanitaires ont adapté leur façon de travailler pour empêcher la propagation du virus » dans la région, a tenu à préciser Edward Kallon, le coordinateur humanitaire des Nations unies au Nigeria, dans un communiqué.

« Une installation de traitement du Covid-19 et un laboratoire de tests ont été mis en place à Maiduguri et une deuxième installation de traitement » est en voie de création, a-t-il indiqué.

« Les acteurs humanitaires installent des stations de lavage des mains et assurent l’approvisionnement en eau potable dans les camps de déplacés et les communautés vulnérables », selon le texte.

L’infirmier qui a perdu la vie est la 21e personne à être morte du Covid-19 officiellement recensée au Nigeria, mais les professionnels de santé mettent en garde contre une propagation beaucoup plus importante du virus sur son territoire : 7.000 tests seulement ont été réalisés à ce jour dans ce pays, le plus peuplé d’Afrique avec près de 200 millions d’habitants.

Confinement levé au Ghana: la vie normale reprend, l’inquiétude reste

Le Ghana est devenu lundi le premier pays d’Afrique à lever le confinement imposé depuis trois semaines: une décision qui soulage les plus pauvres autant qu’elle inquiéte sur l’avenir de la propagation du coronavirus dans le pays.

C’était comme si Accra était aussitôt revenue à la normale: ses rues et ses marchés bourdonnaient de vie après l’annonce par le président Nana Akufo-Addo, la veille au soir, de lever le confinement dans la capitale et dans la seconde ville du pays, Kumasi.

Le chef de l’Etat a assuré que grâce à une importante augmentation des capacités de dépistage, la traçabilité des personnes en contact avec les malades et l’ouverture de nouveaux centres de quarantaine, le pays était en mesure de retrouver un semblant de vie quotidienne.

Jemima Adwoa Anim était ravie d’être de retour dans son commerce du centre d’Accra. Devant son échoppe, les piétons et les voitures ne désemplissent pas.

« C’est un énorme soulagement. Notre gouvernement nous a entendus », a-t-elle déclaré à l’AFP. « C’était comme pendant une guerre: nous n’avions pas d’argent et en même temps, nous ne pouvions pas travailler pour gagner de quoi manger. Que Dieu bénisse notre président ».

Mais dans la périphérie de la capitale, cette décision a soulevé de nombreuses critiques. Le Ghana enregistrait lundi plus de 1.000 cas officiels de coronavirus, de quoi inquiéter sur sa future propagation.

« C’est totalement ridicule. Comment est-ce possible? », interrogeait Francis Collison, un étudiant de 20 ans. « Nous venons d’enregistrer plus de 1.000 cas positifs de COVID-19 et c’est maintenant que le président décide de lever les mesures de confinement ».

La grande majorité des Ghanéens, bien qu’ils craignent cette décision, n’ont juste pas d’autre choix que de retourner travailler, dépendant bien souvent de l’économie informelle pour survivre.

– Equilibre difficile –

La décision du Ghana de lever le confinement sera surveillée de près à travers l’Afrique.

En effet, sur tout le continent, les autorités sont aux prises avec un difficile équilibre: comment freiner la propagation du virus tout en permettant à des millions de personnes vivant dans la pauvreté de gagner de l’argent et se nourrir?

Le gouvernement ghanéen insiste sur le fait qu’il est en bonne position pour contrôler la pandémie, après avoir appliqué une mise en quarantaine stricte des arrivées de l’étranger le mois dernier.

Le pays a également réalisé de nombreux tests: plus de 68.000 pour une population de près de 30 millions d’habitants.

Malgré la levée du confinement, les frontières du pays et les écoles restent fermées, les rassemblements sont interdits et le président a conseillé le port du masque.

Des mesures largement insuffisantes selon le personnel médical. « Cette décision de lever le confinement a mis à plat tous les efforts que nous avons déployé jusqu’à maintenant », explique à l’AFP, Abigail Sosu, une infirmière.

« J’ai peur. Nous n’avons pas les ressources si une deuxième vague du virus devait se propager dans le pays. »

– « Pari politique » –

Alors que l’élection présidentielle est toujours prévue pour la fin de l’année, la gestion de la crise du coronavirus, qui pour l’instant avait échappé aux querelles politiques, est désormais un argument pour l’opposition.

Peu après l’intervention du chef de l’Etat, le communiqué de l’opposition ne s’est pas fait attendre.

« La décision du président Akufo-Addo de lever le confinement à ce moment crucial de l’épidémie est un pari politique imprudent qui laisse présager un grand danger pour cette nation », a déclaré le Congrès national démocrate, principal parti d’opposition, dirigé par l’ex-président John Mahama.

Un pari que pour l’instant, la majorité la plus pauvre semble toutefois soutenir, en sortant dans les rues et en retrouvant une vie normale malgré les dangers de contamination.

Benny Gantz, le « bon soldat » face à la crise en Israël

L’ancien chef de l’armée Benny Gantz a surfé sur une image de « Monsieur Propre » face à un Benjamin Netanyahu inculpé pour corruption avant de pactiser, en « bon soldat », avec son ennemi, dans « l’intérêt » supérieur d’Israël face à la pandémie de Covid-19.

Grand, baraqué et yeux azur, cet ex-militaire à l’attitude décontractée et abordable, n’avait pourtant aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former le parti centriste Kahol Lavan (« Bleu-Blanc »), les couleurs du drapeau israélien.

A 60 ans, M. Gantz a mené trois batailles électorales en moins d’un an contre Benjamin Netanyahu, sans jamais véritablement triompher de lui.

Il a bien gagné l’une des batailles mais n’a jamais la guerre, c’est-à-dire qu’il n’a pas réussi à détrôner celui que ses partisans nomment le « Roi Bibi ». A défaut de le vaincre, il a pactisé avec lui afin de mener ensemble une autre « guerre »: contre le nouveau coronavirus.

En pleine pandémie, M. Gantz a créé la surprise en ouvrant la voie à un gouvernement « d’union et d’urgence » avec M. Netanyahu, reniant ainsi son engagement à ne pas partager le pouvoir avec le Premier ministre sortant tant qu’il n’aura pas réglé ses démêlés avec la justice.

Dans le cadre de leur accord pour un gouvernement « d’union », l’ancien chef de l’armée retournera à ses premiers amours héritant du ministère de la Défense.

Et dans 18 mois, si le gouvernement tient toujours, il gravira les marches du pouvoir pour succéder à Benjamin Netanyahu, avec lequel il partage à peu de choses près la même vision sécuritaire, à la tête du gouvernement.

– « Honnêteté » –

Pur « sabra » -terme désignant les juifs nés en Israël-, M. Gantz, fils d’immigrants rescapés de la Shoah, est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du sud du pays.

A 18 ans, il rejoint l’armée dont il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015, dirigeant ainsi l’armée pendant deux guerres contre le mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

Sa décision de tendre la main à Benjamin Netanyahu pour former un gouverner d’unité lui a valu des critiques acerbes dans son camp ayant d’ailleurs mené à la scission de son parti. Mais des commentateurs ont vu dans ce geste le caractère d’un « bon soldat » au service avant tout de son pays et non de sa personne.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques à partir de Gaza.

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa (nord) et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Il est marié et père de quatre enfants.

Burkina: 31 civils tués par les forces de l’ordre, selon HRW

L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a accusé lundi les forces de sécurité du Burkina Faso d’avoir exécuté 31 habitants de la ville de Djibo, dans le Nord du pays, « lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste » le 9 avril.

« Les forces de sécurité burkinabè ont apparemment exécuté 31 hommes lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste susceptible de constituer un crime de guerre », selon Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, citée dans un communiqué de l’organisation transmis à l’AFP.

L’ONG appelle les autorités burkinabè à « immédiatement ouvrir une enquête impartiale sur ces meurtres et tenir les responsables pour comptables de leurs actes, quel que soit leur rang ».

Le ministère de la Défense a indiqué lundi avoir ouvert une enquête dès le 10 avril.

« Ce type d’allégations avait été rapporté au ministre de le Défense nationale (…) qui dès le 10 avril 2020 a adressé une lettre au directeur de la Justice militaire pour l’instruire de faire ouvrir par ses services une enquête judiciaire afin d’établir la vérité des faits », a réagi le ministère dans un communiqué.

HRW et des organisations de la société civile burkinabè ont déjà plusieurs fois dénoncé des violences perpétrées par les forces de sécurité contre la population, qui ont fait selon ces ONG plusieurs centaines de morts, sous couvert de lutte contre les groupes jihadistes qui multiplient les attaques dans le pays depuis cinq ans.

Le Burkina fait face depuis 2015 – comme ses voisins le Mali et le Niger – à des violences meurtrières croissantes perpétrées par des groupes jihadistes, parfois entremêlées de conflits intercommunautaires, qui ont fait plus 800 morts et près de 860.000 déplacés.

Selon l’enquête menée par HRW à Djibo, ville située à 200 km au nord de la capitale Ouagadougou, les forces de sécurité ont ciblé exclusivement des hommes de la communauté peule, une ethnie semi-nomade sahélienne parmi laquelle les groupes islamistes recrutent particulièrement, selon les experts.

« Selon les habitants, des dizaines de membres des forces de sécurité ont été impliqués dans l’opération du 9 avril, qui a débuté vers 10 heures (locales et GMT) avec les arrestations, pour s’achever vers 13h30, lorsque plusieurs coups de feu ont été entendus », explique HRW.

« Les victimes ont été interpellées dans plusieurs quartiers, alors qu’elles étaient en train d’abreuver leur bétail, de marcher ou étaient assises devant leurs domiciles », par des militaires venant vraisemblablement du camp du Groupement des Forces antiterroristes de Djibo, petite ville d’une vingtaine de milliers d’habitants au coeur d’une région très fréquemment ciblée par les attaques jihadistes.

– « Une scène terrifiante » –

Les hommes arrêtés « ont été placés à bord d’un convoi formé d’une dizaine de véhicules militaires, dont des camionnettes, une voiture blindée et des motos ».

« Les villageois ont déclaré s’être rendus, vers 16 heures, à l’endroit où ils avaient entendu les coups de feu. Ils y ont trouvé les corps de 31 hommes qui avaient été vus pour la dernière fois sous la garde des forces de sécurité. Plusieurs d’entre eux avaient les yeux ou les mains liés. Les habitants ont déclaré qu’aucun n’était armé », détaille HRW.

« Ils avaient été tués par balle, certains déchiquetés par des rafales au point d’être méconnaissables », selon un témoin cité par HRW qui dit avoir perdu cinq membres de sa famille.

« C’était une scène terrifiante », « je n’ai pu reconnaître mon frère qu’à partir d’un fragment de ses vêtements », relate un autre témoin.

Pour son enquête, HRW précise avoir « mené des entretiens avec 17 personnes ayant connaissance des tueries du 9 avril, dont 12 témoins des arrestations puis de l’enterrement des corps », qui « ont établi une liste des victimes, toutes peules ».

Dans son communiqué, le ministère de la Défense assure que « les forces armées ayant en leur sein des fils de toutes les communautés qui composent le peuple burkinabè, elles ne sauraient opter de stigmatiser une d’entre elles. Surtout que le succès de leurs missions dépend de la confiance et de la collaboration des populations locales ».

« Si ces allégations étaient avérées, des sanctions seront prises à l’encontre des auteurs », affirme le ministère.

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes, en dépit de certaines annonces triomphalistes, et malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Les violences jihadistes mêlées à des conflits intercommunautaires, qui touchent l’ensemble du Sahel, ont fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU.

Israël: Netanyahu et Gantz s’entendent enfin sur un gouvernement d’union

Fumée blanche à Jérusalem! Après seize mois d’une crise politique sans précédent dans l’histoire d’Israël, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz se sont entendus lundi soir pour former un gouvernement d’union en pleine pandémie de Covid-19.

Le signal est venu de la résidence officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu au grand soulagement de nombreux Israéliens, dont beaucoup craignaient la tenue de nouvelles élections pour résoudre la crise.

Après trois scrutins législatifs en un an, des rebondissements les plus improbables et parfois les plus désespérants pour certains Israéliens, MM. Netanyahu, 70 ans, et Gantz, 60 ans, se sont retrouvés dans la soirée avant le début de Yom Hashoah, le « jour de la Shoah », qui se tient du coucher du soleil lundi à la tombée de la nuit mardi en Israël.

Ces entretiens avaient pour but de sceller l’union entre les deux anciens rivaux après de nombreuses tentatives ayant échoué. Les sceptiques ont été confondus car cette fois a finalement a été la bonne.

Des milliers d’Israéliens, respectant scrupuleusement les règles de distanciation sociale, avaient manifesté dimanche soir à Tel-Aviv dans l’espoir de barrer la route à une alliance entre MM. Netanyahu et Gantz.

« Un accord pour la formation d’un gouvernement national d’urgence a été signé » par MM. Netanyahu, chef du Likoud (droite), et Gantz, le dirigeant du parti Bleu-Blanc (centriste), ont indiqué les deux formations politiques dans un communiqué.

Leur pacte, d’une durée de trois ans, vise la formation d’un gouvernement « bipartisan » avec pour Premier ministre M. Netanyahu pour les 18 premiers mois et M. Gantz pour les 18 mois suivant. Il prévoit aussi un nombre égal de ministres pour les deux camps et la possibilité pour des partis de se joindre à eux afin de sortir le pays de la crise.

– Covid et annexion? –

Lors des élections du 2 mars – les troisièmes en moins d’un an, qui devaient enfin départager les deux hommes – Benjamin Netanyahu avait réussi son meilleur score à la tête du Likoud (36 sièges) mais n’avait pas réussi à obtenir la majorité avec ses alliés de la droite radicale et des partis ultra-orthodoxes.

Les parlementaires avaient plutôt recommandé au président de choisir Benny Gantz, un ancien chef d’état-major de l’armée à la tête de la coalition centriste Bleu-Blanc, pour tenter de former le gouvernement.

Incapable de rallier une majorité au moment où de surcroît le pays affronte la crise du coronavirus, M. Gantz avait causé la surprise en ouvrant la voie à un gouvernement « d’union et d’urgence » avec Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption. Il était ainsi revenu sur son engagement de ne pas partager le pouvoir avec le Premier ministre sortant tant que ce dernier n’aurait pas réglé ses démêlés avec la justice.

L’espoir d’un gouvernement d’union pointait à l’horizon pour de nombreux Israéliens, mais d’autres ont toutefois reproché au général Gantz d’avoir rendu les armes face à Benjamin Netanyahu, plus pérenne des Premiers ministres de l’histoire du pays, passé maître dans l’art de la survie politique.

Mais des pourparlers entre les deux camps, jusque tard dans la nuit, avaient échoué la semaine dernière faisant craindre la tenue d’un quatrième round électoral anticipé.

Selon l’accord conclu lundi, les deux parties mettront finalement sur pied un gouvernement d’urgence qui oeuvrera à combattre le coronavirus, qui a contaminé plus de 13.000 personnes en Israël et provoqué plus de 170 décès, et ses conséquences notamment sur l’économie avec un chômage qui a explosé ce dernier mois alors que l’économie tournait à plein régime avant la crise.

Le négociateur en chef de M. Netanyahu, Yariv Levin, a lui indiqué que ce gouvernement avait aussi pour objectif d’appliquer la « souveraineté » d’Israël dans les « implantations en Judée et Samarie », expression souvent utilisée pour évoquer l’annexion des colonies et de territoires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l’Etat hébreu.