Jacques Calvet, le patron médiatique qui a sauvé PSA de la faillite

Jacques Calvet, décédé jeudi à l’âge de 88 ans, a dirigé le constructeur automobile PSA (Peugeot, Citroën) durant 14 ans, sauvant le groupe de la faillite dans les annés 1980 au prix de dures restructurations qui ont forgé sa notoriété.

En 1985, Jacques Calvet, homme au caractère entier, réputé inflexible, est une star des médias. Arrivé à la tête de Peugeot et Citroën trois ans plus tôt, il a sauvé un pilier de l’industrie française que beaucoup pensaient condamnés, grâce à des voitures emblématiques.

Du côté de la marque au lion, la citadine 205 et bientôt la berline 405 sont des succès retentissants. Le logo aux chevrons renaît avec la BX.

Ce diplômé de l’ENA, où il a côtoyé Jacques Chirac, devenu son ami, et Michel Rocard qu’il tutoie, est alors l’un des patrons les plus médiatiques du pays. Il est un des rares hommes d’affaires à être invité sur les plateaux des grandes émissions télévisées. Il aura même droit à sa marionnette dans l’émission des Guignols de Canal Plus.

L’homme qui a commencé sa carrière comme auditeur à la Cour des comptes en 1957 puis, deux ans plus tard, au cabinet de Valéry Giscard d’Estaing, alors secrétaire d’État aux Finances, est aussi un haut fonctionnaire et un politique qui a bataillé contre la gauche au pouvoir en France à partir de 1981.

Directeur général, puis PDG de la banque BNP à partir de 1979, après avoir quitté l’administration au moment de l’élection de Giscard d’Estaing comme président de la République, il est évincé en février 1982 par la gauche qui nationalise l’établissement financier.

Il est appelé par la famille Peugeot et arrive à la tête du constructeur au moment où celui-ci traverse la plus grave crise de son histoire.

Son passage se résume simplement, souligne Jean-Louis Loubet, historien et spécialiste de l’automobile: en 1982, le groupe a 30,5 milliards de francs de dettes, lorsque Jacques Calvet le quitte en 1997, elles ont été divisés par près de dix et PSA s’est imposé comme l’un des grands acteurs du marché européen.

« Il réussit à restructurer avec une politique efficace avant tout financière », résume M. Loubet.

– Adversaire des socialistes –

La potion est amère, tant pour la famille Peugeot qui voit son contrôle dilué après trois augmentations de capital, que pour les salariés, dont il réduira le nombre de plus de moitié, au terme de fermetures de sites accompagnées de grèves dures.

Il échoue cependant à faire de PSA le numéro un en Europe et laisse filer chez Renault un projet du constructeur Matra qui donnera naissance à l’Espace, un modèle qui fera pendant de longues années le bonheur de la marque au losange.

L’homme ne fait pas l’unanimité. Il est vu comme quelqu’un d’intransigeant. Roland Peugeot, alors président du conseil de surveillance, le décrit comme n’étant « pas souple de nature ».

Dans le sauvetage de PSA, il affronte le gouvernement socialiste de l’époque. « Vous êtes mon plus dangereux adversaire », lui glisse le président François Mitterrand.

Il se heurte aussi aux syndicats, notamment pendant les grèves de 1989 pour des augmentations de salaires. La publication de sa rémunération par Le Canard Enchaîné en pleine paralysie des usines n’arrange pas les choses.

« C’est bizarre, ce besoin de toujours gouverner avec la haine », dira de lui Raymond Lévy, alors PDG de Renault.

Dans les années 1990, il se lance dans une croisade politique contre la monnaie unique européenne. En 1995, celui qui se revendique conservateur évoque même la possibilité de se présenter pour devenir président de la République. Souvent tenté par la politique, il n’aura finalement jamais franchi le pas, ce qu’il regrettera plus tard.

Son engagement politique, assorti de propos très clivants contre les technocrates de Bruxelles, auront tout de même poussé la famille Peugeot à prendre ses distances et à bloquer son accession au conseil de surveillance du groupe en 1997.

« L’homme a trois facettes, à défaut d’avoir eu trois carrières: haut fonctionnaire, patron et homme politique », résume M. Loubet.

Issu d’une famille intellectuelle parisienne et protestante -son père normalien enseignait la philosophie au lycée Henri IV-, Jacques Calvet a eu trois enfants avec son épouse Françoise.

Le difficile comptage des morts du coronavirus

Le comptage quotidien des victimes du Covid-19, dont le nombre officiel a dépassé les 100.000 morts, est un exercice délicat, le recueil des données en temps réel n’étant que parcellaire et les méthodes variables selon les pays.

Lieu du décès, façon d’identifier les causes de la mort, délais différents de remontée des informations: plusieurs éléments peuvent avoir de l’impact sur ces décomptes, forcément sous-évalués mais essentiels pour surveiller l’évolution de la pandémie.

Il s’agit d’un vrai « défi statistique », souligne ainsi l’institut français des études démographiques, l’Ined.

– Hôpitaux et maisons de retraite –

Si l’Espagne et la Corée du Sud comptabilisent tous les décès de personnes testées positives au Covid-19, que ce soit à l’hôpital ou en-dehors, ce n’est pas le cas de tous les pays. Les chiffres iraniens, par exemple, ne semblent inclure que des décès à l’hôpital.

Jusqu’à récemment, les décès en maison de retraite ne figuraient pas non plus dans les chiffres officiels français et britanniques. Ils sont pourtant loin d’être marginaux, puisqu’ils représentent aujourd’hui plus du tiers du bilan en France.

Aux Etats-Unis, les décès pris en compte varient d’un Etat à l’autre: l’Etat de New York inclut les maisons de retraite, la Californie non.

Même en Italie, qui affiche officiellement le bilan le plus lourd dans le monde (plus de 18.000 morts), les décès en maison de retraite ne sont pas tous recensés. Si un gros foyer épidémique est détecté dans un établissement, des tests sont réalisés et les décès comptabilisés, mais si un établissement est moins touché, il est vraisemblable que ce ne sera pas le cas, explique la Protection civile.

– Covid-19 ou une autre maladie ? –

Si certains pays, comme la Corée du Sud, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, incluent dans leurs chiffres toutes les personnes ayant été testées positives au coronavirus, même celles décédées des complications d’une maladie préexistante, d’autres pays sont plus sélectifs.

En Iran, sont exclus des bilans les patients testés positifs mais décédant d’une autre « maladie respiratoire grave ».

Aux Etats-Unis se multiplient des témoignages de personnes dont les proches sont morts, officiellement de pneumonie, avant que les tests ne soient disponibles ou à un moment où ils étaient difficiles à obtenir.

– Manque de tests et délais –

Pendant une épidémie, « la remontée et le traitement des informations, même accélérés, se font avec quelques jours de décalage et ne couvrent pas tous les décès. Il faut plusieurs semaines ou plusieurs mois pour pouvoir décompter précisément tous les morts », estiment Gilles Pison et France Meslé, démographes à l’Ined, sur le site The Conversation.

Aux Etats-Unis, même en l’absence de test, les certificats de décès doivent mentionner si le Covid-19 est la cause « probable » de la mort, mais ces certificats mettent du temps à remonter et ne peuvent être pris en compte pour les bilans en temps réel.

En Espagne, les registres d’état-civil et le nombre d’enterrements font apparaître une surmortalité bien supérieure à celle qui devrait découler du bilan officiel du Covid-19.

Par manque de tests, l’Espagne réalise très peu de dépistages post-mortem. Ainsi, si une personne n’a pas été dépistée avant de mourir, elle n’est pas comptabilisée par les autorités sanitaires. Les données judiciaires, moins restrictives, laissent entrevoir un bilan bien supérieur: par exemple, le tribunal supérieur de Castille-La Manche a enregistré en mars 1.921 actes de décès « dont la cause est due au Covid ou à une suspicion de Covid », soit près de trois fois plus que les 708 morts (positifs au Covid-19) recensés au 31 mars par les autorités sanitaires.

Autre illustration: à Bergame, en Lombardie, ont été recensés, au cours de la première quinzaine de mars, 108 morts de plus (+193%) qu’un an plus tôt… mais seulement 31 décès liés au Covid-19.

– Chine et Iran accusées de mentir –

Parfois, la sincérité même des chiffres publiés est remise en cause.

En Iran, les bilans officiels ont été contestés, notamment au début de l’épidémie, par des responsables provinciaux et des parlementaires. Même l’agence officielle Irna a parfois diffusé des chiffres plus élevés que ceux des autorités, bilans ensuite démentis par le gouvernement. A l’extérieur du pays, Washington, notamment, a reproché à Téhéran de maquiller ses chiffres.

Concernant la Chine, berceau de l’épidémie, un rapport confidentiel des renseignements américains, cité par l’agence Bloomberg, a accusé Pékin d’avoir intentionnellement sous-évalué son bilan. Ses chiffres ont également été mis en doute par plusieurs responsables iraniens, mais le porte-parole du ministère de la Santé a été contraint à corriger ses propos après avoir qualifié le bilan chinois de « plaisanterie de mauvais goût ».

burs-jah/ber/cds/mm

Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde

Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants: un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19, qui a déjà fait plus de 107.000 morts dans le monde.

– Etats-Unis: pays le plus touché –

Les Etats-Unis, qui ont recensé leur premier décès lié au coronavirus fin février, sont le pays le plus touché tant en nombre de décès que de cas recensés (527.111). Ils ont franchi le cap des 20.000 morts samedi, selon un bilan de l’université Johns Hopkins.

– Plus de 107.000 morts dans le monde –

La pandémie a fait au moins 107.064 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles samedi à 19H00 GMT.

Plus de 1.745.290 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 193 pays et territoires depuis le début de l’épidémie.

Après les Etats-Unis (20.506), les pays les plus touchés sont l’Italie avec 19.468 morts, l’Espagne (16.353 morts), la France (13.832 morts) et le Royaume-Uni (9.875 morts).

– Discriminations –

Les Etats-Unis ont vivement dénoncé la « xénophobie des autorités chinoises à l’égard des Africains », qui se disent victimes de discriminations dans la ville de Canton (sud) après plusieurs cas positifs dans la communauté nigériane.

L’Union africaine a fait part à la Chine de son « extrême préoccupation », appelant à « des mesures rectificatives immédiates ».

– « Nouveau front » –

En Afrique, où près de 13.000 cas et environ 700 morts ont été enregistrés selon les chiffres officiels, « le virus se répand au-delà des grandes villes », selon la cheffe de l’Organisation mondiale de la Santé pour le continent.

– Iran: reprise progressive de l’activité –

Les autorités iraniennes ont décidé d’autoriser la reprise, à compter de samedi, des activités économiques « à faible risque » afin d’empêcher son économie de sombrer totalement.

La mesure, critiquée par des experts médicaux et même certains membres du gouvernement, s’applique à toutes les provinces à l’exception de celle de Téhéran, où elle doit entrer en vigueur à compter du 18 avril.

– Mesures anti-coronavirus –

Le gouvernement argentin a prolongé de deux semaines, jusqu’au 26 avril, le confinement obligatoire dans les grandes villes, tout en envisageant de l’assouplir dans les zones rurales.

Les autorités du Niger ont rendu le port du masque obligatoire à Niamey, capitale de l’un des pays les plus pauvres du monde.

Les contacts des personnes âgées avec leur environnement en Europe vont devoir rester limités jusqu’au moins à la fin de l’année en raison de l’épidémie de coronavirus « sans vaccin », a mis en garde la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

– Violation du confinement –

Quelque 200 fidèles ont participé à une cérémonie du Vendredi Saint dans les Pouilles (sud-est), au mépris des règles de confinement en Italie, provoquant une onde d’indignation et les excuses contrites du maire.

– Egypte: heurts lors d’un enterrement –

Douze villageois ont été arrêtés lors de heurts avec la police dans un village du nord-est de l’Egypte, où la population a refusé l’inhumation d’une femme morte du nouveau coronavirus, par crainte d’être contaminés.

La défunte a finalement été inhumée après l’intervention des forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogènes.

– Economie –

En France, le recours au chômage partiel a été demandé par 700.000 entreprises et associations pour un nombre record de 8 millions de salariés, soit 3 millions de plus en une semaine.

La Chambre des Communes canadienne a adopté samedi un programme de subvention des salaires, présenté comme la plus vaste mesure économique dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale, pour aider les entreprises et leurs employés à traverser la crise provoquée par le coronavirus.

Le gouvernement britannique a annoncé dimanche donner 200 millions de livres (227,6 millions d’euros) supplémentaires aux pays en développement pour combattre la pandémie de nouveau coronavirus, afin de « d’éviter qu’une deuxième vague mortelle ne touche le Royaume-Uni ».

– « Pas une guerre » –

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a pris le contre-pied du chef de l’Etat français Emmanuel Macron, assurant que la pandémie de Covid-19 « n’est pas une guerre » mais constitue un « test de notre humanité ».

– Pâques –

C’est devant télévisions, tablettes et ordinateurs que catholiques et protestants célèbrent ce week-end de Pâques, leur plus importante fête, la pandémie de coronavirus ayant conduit à l’annulation des processions et messes traditionnelles dans une grande partie du monde.

« L’obscurité et la mort n’ont pas le dernier mot », a assuré le pape François dans une homélie samedi soir, à la veille de Pâques, en soulignant que cette fête constituait « une annonce d’espérance ».

– Enquête –

Au Canada, une enquête policière a été ouverte concernant une résidence pour personnes âgées de la banlieue de Montréal où 31 personnes sont décédées depuis le 13 mars, a annoncé samedi le Premier ministre québécois François Legault, en jugeant la situation « épouvantable ».

– Report –

Le tournoi WTA de Montréal, initialement programmé entre le 10 et 16 août, a été reporté à 2021, ont annoncé samedi les responsables du circuit féminin de tennis.

burs-acm/elm/roc

Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde

Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants: un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19.

– Plus de 112.000 morts dans le monde –

La pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 112.510 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles dimanche à 19H00 GMT.

Plus de 1.824.950 cas d’infection ont été diagnostiqués dans 193 pays et territoires depuis le début de l’épidémie.

Les Etats-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts qu’en nombre de cas, avec 21.489 décès pour 546.874 cas.

Après les Etats-Unis, les pays les plus touchés sont l’Italie avec 19.899 morts, l’Espagne (16.972), la France (14.393 morts) et le Royaume-Uni (10.612).

– Italie: un dimanche de Pâques moins meurtrier –

L’Italie a annoncé sa journée la moins meurtrière depuis plus de trois semaines, avec 431 décès dans les dernières 24 heures. Jamais depuis le 19 mars, le pays n’avait déploré moins de 500 morts en une journée.

« La baisse de la pression sur nos structures hospitalières se poursuit », s’est félicité le patron de la protection civile, Angelo Borrelli.

– « Tout aurait pu basculer »-

Après une semaine d’hospitalisation –dont plusieurs jours en soins intensifs–, le Premier ministre britannique Boris Johnson est sorti dimanche de l’hôpital.

Désormais en convalescence, il a remercié les soignants qui lui ont « sauvé la vie » et notamment les infirmiers présents à ses côtés pendant les 48 heures où « tout aurait pu basculer ».

– « Contagion de l’espérance » –

Le pape François a proposé dans son message de Pâques « de réduire » voire « d’annuler » la dette des pays pauvres et appelé à un allègement des sanctions internationales et à « un cessez-le-feu mondial et immédiat ». Il a aussi souhaité que l’Europe retrouve « un esprit concret de solidarité ».

Dans un monde « opprimé par la pandémie, qui met à dure épreuve notre grande famille humaine », il a appelé à répondre par « la contagion de l’espérance », dans ce message prononcé à l’intérieur d’une basilique Saint-Pierre désespérément vide.

A Jérusalem, un court chapelet de religieux a célébré le plus important moment liturgique de la tradition chrétienne dans le Saint-Sépulcre, fermé au public pour la première fois en plus d’un siècle lors d’un dimanche pascal.

– Etats-Unis: réouverture graduelle possible en mai –

L’expert en chef du gouvernement américain, le docteur Anthony Fauc, a estimé qu’une réouverture graduelle et localisée des activités économiques aux Etats-Unis pourrait intervenir en mai, tout en restant très prudent.

– Risque de récession historique –

L’Asie du Sud (Inde, Bangladesh, Pakistan, Afghanistan …) risque de subir cette année sa pire performance économique en 40 ans, ce qui va nuire aux efforts de lutte contre la pauvreté dans la zone, a estimé la Banque mondiale.

– Retour du Charles-de-Gaulle –

L’armée française a entamé une opération inédite de débarquement et de placement en isolement sanitaire de 1.900 marins, après l’accostage à Toulon du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, de retour anticipé pour cause de coronavirus à bord.

– Baisse de la production de pétrole –

L’Opep et ses partenaires ont convenu de la « plus grande baisse de production de l’histoire », dans l’espoir de faire remonter les prix du pétrole en pleine pandémie et malgré les tensions entre Moscou et Ryad.

– Démission du ministre de l’Intérieur –

Le ministre turc de l’Intérieur a présenté sa démission au lendemain de l’annonce abrupte du confinement qui a poussé des foules de Turcs paniqués dans les commerces pour faire des provisions.

– 500 fois « pardon » –

La police indienne a sanctionné dix touristes étrangers, contraints d’écrire 500 fois « je suis désolé » pour avoir violé le confinement dans une ville du nord du pays.

burs-acm/mw/mig

Birao et à Ndele : la situation s’améliore progressivement après les violences

Des signes d’un retour à la paix sont visibles à Ndélé (Bamingui-Bangoran) et à Birao (Vakaga), après une période de violences qui a prévalu dans les deux villes notamment en mars dernier, suite au conflit interne opposant les factions Rounga et Goula du Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC), ont indiqué ce mercredi les chefs des bureaux de la MINUSCA à Ndélé (centre-nord) et à Birao (nord-est).

Au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la mission par visioconférence, les chefs de bureaux ont tour à tour présenté les actions menées par la MINUSCA, à travers ses composantes civile et armée, en coordination avec les autorités locales, qui ont permis l’amélioration de la situation politique et sécuritaire dans les deux villes.

A Ndélé, la MINUSCA a rencontré le sultan-maire ainsi que le chef militaire du FPRC, Abdoulaye Hissène, de retour dans la ville, et ce dernier s’est dit prêt à coopérer avec la Mission sur les investigations sur les derniers événements àNdélé et à travailler au plan sécuritaire. “Il a aussi accepté le déploiement des forces de sécurité intérieure (FSI) dans la préfecture et accueilli favorablement la nomination par le Président de la République, du nouveau préfet de Bamingui- Bangoran”, a indiqué Thomas Vaah, chef du bureau de Ndélé. Il a ajouté que de nombreux civils, dont une majorité avait cherché la sécurité autour de la base de la MINUSCA, ont regagné leurs domiciles.

Pour Bessan Vikou, chef du bureau de la MINUSCA à Birao, en date du 14 mars, dans une réunion de restitution à la population, le sultan-maire, à genoux, a présenté ses condoléances et a demandé pardon pour la récurrence des attaques du 1 au 14 septembre 2019, puis celle du 16 février 2020. Par la même occasion, le Sultan a proposé que Birao redevienne « une ville sans arme ». « La MINUSCA, ensemble avec les autorités préfectorales, a réussi à convaincre tous ceux qui portaient les armes dans la ville de les garder, en attendant la reprise des programmes de DDR. Depuis, à Birao, la population circule librement, les activités au marché ont repris progressivement », poursuit le chef du bureau de Birao.

C’est dans cette dynamique que le commandant de la force zambienne au sein de la MINUSCA, Colonel Teddy Tembo, a annoncé l’arrivée de 145 éléments desFACA depuis le 9 avril dernier dans la ville avec des moyens mobiles et logistiques. « Les patrouilles conjointes avec les casques bleus de la MINUSCA sont en cours de préparation. Mais déjà, les FACA occupent des positions stratégiques dans la ville », a-t-il précisé.

De son côté, le porte-parole de la MINUSCA, Vladimir Monteiro, a déclaré qu’un mois et un jour après l’annonce du premier cas de coronavirus en RCA par le Ministère de la Santé publique, la MINUSCA poursuit son engagement aux côtés des autorités centrafricaines pour endiguer la propagation de la pandémie. « La MINUSCA va orienter un million de dollars vers les projets d’achat d’équipements locaux ainsi que l’approvisionnement en eau. De même, près de 28.5 millions de francs CFA sont mobilisés pour appuyer la mise en œuvre dans les préfectures, du plan national de réponse à la pandémie. 30 volontaires de la protection civile et des points focaux seront formés et équipés pour sensibiliser les communautés », a-t-il souligné, rappelant d’autres soutiens notamment dans la sensibilisation et la distribution de kits d’hygiène et de l’eau à Bangui et dans les préfectures.

Concernant la situation des droits de l’homme, le porte-parole a fait savoir qu’entre le 9 et le 15 avril, la MINUSCA a pu vérifier et documenter huit incidents d’abus et de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire à Bangui et à l’intérieur du pays, ayant affecté au moins huit victimes. Quatre groupes armés en sont les auteurs présumés.

RCA : braquage à la base du CICR à Ndélé

La base de la délégation du CICR (comité international de croix rouge) à Ndélé, dans la préfecture de Bamingui-Bangoran, a été la cible d’un acte de braquage d’un groupe d’hommes lourdement armés dans la nuit du mercredi à jeudi 16 avril.

Depuis le retour du chef de guerre Abdoulaye Hissen Ramadan à Ndélé, l’ordre semble rétablir petit à petit dans la ville. Les activités sont de retour, et les violences entre les différentes factions du FPRC semblent cesser, mais les actes de braquages contre les particuliers et les humanitaires, de leur côté, se poursuivent malheureusement dans la ville.

Justement, sur ce point, dans la nuit du mercredi à jeudi 16 avril, aux environs de deux heures du matin, un groupe d’individus, lourdement armés, à bord d’un véhicule tout terrain, ont fait leur entrée par effraction dans la concession de la délégation du CICR, située non loin du stade local de football.

Munis de leur arme automatique, les assaillants ont pu emporter, après des menaces, deux véhicules du CICR de marque Toyota, du type Land-Cruiser BJ80. Un coffre-fort a également été emporté par les assaillants. On comprend pourquoi ces derniers se sont déplacés avec un véhicule, probablement pour transporter le coffre-fort.

Joint au téléphone, le responsable local du CICR reste injoignable ce jeudi matin.
Pour l’heure, on ignore l’identité des assaillants, mais des sources sécuritaires locales indiquent qu’il ne fait aucun doute, c’est un acte perpétré par des éléments du FPRC (Front populaire pour la renaissance de Centrafrique ), avec la permission probable de leur état-major.

Rappelons qu’il y’a quelques jours, le véhicule du préfet de Bamingui-Bangoran a été emporté par les éléments du FPRC lors des affrontements opposant les combattants rebelles du RPRC à ceux du FPRC à Ndélé. Le véhicule a été vendu aux Soudanais, y compris celui de la mission catholique de Kaga-Bandoro, braqué par les éléments du FPRC dans cette ville.

Rappelons que Le Comité international de la Croix rouge, en Centrafrique, intervient dans le domaine humanitaire. Les évènements douloureux qu’a connus la République Centrafrique depuis décembre 2012 ont amoché la situation humanitaire en Centrafrique. Mais le CICR est resté très actif dans ses actions humanitaires aux côtés de la population civile pour leur apporter du soutien multiforme.

RCA : le FPRC salue la mémoire du général Haroun Mahamat

Le 1er Vice-Président du FPRC, le Général Nourreidine Adam, a annoncé la mort du Général Haroun Mahamat, des suites d’une longue maladie.

Cest le Général Nourreidine Adam, qui a annoncé la triste nouvelle de la mort  d’Haroun Mahamat. Il a adressé ses condoléances la famille du défunt. Il faut dire Nourreidine Adam ne pourras pas prendre part aux obsèques, il entend soutenir la famille affligée en cette période difficile.

Le 1er Vice-Président du FPRC, le Général Nourreidine Adam, tient à exprimer aux officiers supérieurs et subalternes, aux sous-officiers et hommes de rang, ainsi qu’aux cadres du FPRC l’expression de sa plus profonde sympathie et de son soutien.

Nourreidine Adam, réitère tout son attachement pour tous les membres du FPRC.

RCA : vers une révision constitutionnelle ?

Plusieurs députés sont favorables à une révision constitutionnelle de crainte que l’élection présidentielle, programmée fin 2020, ne soit reportée.

Quelque 110 députés centrafricains se déclarent favorables à une révision constitutionnelle de crainte que l’élection présidentielle, programmée fin 2020, ne soit reportée, a indiqué à la presse vendredi le deuxième vice-président du Parlement centrafricain, Mathurin Dimbélé Nakoué.

Cette initiative entend combler une carence qui n’avait pas été prévue par la Constitution centrafricaine, selon le parlementaire. Si par exemple, la présidentielle ne se tenait pas à la date prévue à cause de l’épidémie de COVID-19, dans le cadre de la loi constitutionnelle actuelle, un vide présidentielle de facto serait provoquée.
Il ne s’agit nullement de rallonger le mandat du président, encore moins d’augmenter le nombre de mandats fixé par la Constitution, a affirmé M. Dimbélé Nakoué.

Un projet de modification est déjà sur la table du parlement et que de façon imminente, les députés vont se rassembler pour donner leur avis, a-t-il ajouté.
L’Assemblée nationale centrafricaine compte 140 députés. En vertu de la Constitution centrafricaine, la révision constitutionnelle intervient lorsque le projet a été voté par l’Assemblée nationale à la majorité des trois quarts des membres. Le nombre et la durée des mandats présidentiels sont expressément exclus de la révision.

La République centrafricaine compte actuellement onze cas positifs d’infections au nouveaux coronavirus, selon le dernier bilan établi par les autorités sanitaires du pays.

RCA : Chancel Sekodé Ndeugbayi en détention préventive

Le ministre délégué aux affaires étrangères serait impliqué dans un trafic de faux passeports diplomatiques.

Chancel Sekodé Ndeugbayi, ministre délégué aux Affaires Etrangères a été arrêté puis placé en détention préventive à la Section de Recherche et d’Investigation (SRI) de la gendarmerie nationale

Il est soupçonné depuis quelques semaines dans une affaire de délivrance de faux passeports diplomatiques aux étrangers (Iraniens, libanais…).

Plusieurs autres personnes dont le directeur de cabinet de Chancel Sekode ont été interpellées début mars dans le cadre de cette enquête.

 

RCA : lettre ouverte de Paul-Crescent BENINGA aux députés

Dans une lettre ouverte adressée aux honorables élus de la nation, le porte-parole du groupe de travail de la société civile sur la crise centrafricaine (GTSC), Monsieur Paul-Crescent BENINGA interpelle les honorables députés sur une discrète pétition en circulation portant prorogation du mandat du Président de la République et celui des élus de la nation pour une durée de deux ans. Selon lui, le tripatouillage constitutionnel dans le seul but de  proroger le mandat du Président de la République est illégal et anticonstitutionnel. Ceci revient à dire que   l’idée d’une pétition « démocraticide »  est formellement illégale et incongrue.

Ci-dessous l’intégralité de cette lettre ouverte adressée aux députés centrafricains par Paul-Crescent BENINGA.

LETTE OUVERTE AUX DEPUTES CENTRAFRICAINS

Par

Paul-Crescent BENINGA

Chercheur en sciences sociales

Porte-parole du Groupe de Travail de la Société Civile sur la Crise Centrafricaine (GTSC)

A nos honorables élus de la Nation,

Au moment où le monde est à l’arrêt à cause de la pandémie du COVID 19 qui n’épargne personne, vous voilà qui vous prêtez à un jeu politique qui vous conduira inéluctablement à rentrer, une fois de plus, dans l’histoire par la petite porte. Depuis près d’un mois, par l’entremise du deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, une pétition portant prorogation du mandat du Président de la République et celui des élus de la nation pour une durée de deux ans, a été soumise à votre signature. Il ressort de ce qui se dit, ici et ailleurs, çà et là, que de nombreux députés s’empressent d’y apposer leurs signatures, espérant, de fait et de droit, jouir encore de deux ans de mandature.

L’engouement dont nombre d’entre vous font montre au sujet de cette pétition « démocraticide » interpelle mon sens de patriotisme et m’oblige à accoucher ces quelques lignes. En effet, il me vient à l’esprit la question qui suit: avez-vous pris connaissance de ce que prévoit la Constitution sur le mandat du Président de la République ? Si oui, avez-vous mesuré les conséquences qui découleront d’un tripatouillage constitutionnel ?

– Quand la Constitution écarte l’hypothèse de la prorogation du mandat du Président de la République En son article 35 alinéa 3, la Constitution du 30 mars 2016 stipule qu’ « en aucun cas, le Président de la République ne peut exercer plus de deux (02) mandats consécutifs ou le proroger pour quelque motif que ce soit ». Comme l’a si bien rappelé Dominique Erenon dans sa sortie épistolaire du 31 mars 2020, il n’est pas possible d’envisager la prorogation du mandat du Président de le République pour quelque motif que ce soit. Ceci étant, dois-je vous rappeler que l’idée d’une pétition est formellement illégale et incongrue ? Une telle manœuvre n’est digne que de ceux qui se sont rendus odieux aux yeux du peuple par une gestion scabreuse de la chose publique et qui ont trouvé goût à la « mangeoire étatique ». Vous confirmeriez par le fait-même tout ce qui s’est raconté plus d’une fois sur une corruption réelle à l’Assemblée nationale.

Chers élus de la nation, il est non seulement illégal mais aussi immoral d’initier un tel projet au moment où la population attend de vous une contribution significative à la lutte contre la pandémie du COVID 19 qui paralyse le monde. De mon point de vue, l’urgence est ailleurs, elle n’est pas dans la recherche effrénée de vos intérêts. La France n’aurait pas été libérée si De Gaulle ne s’était contenté que des privilèges liés à son statut de réfugié politique en Grande Bretagne. La R.C.A ne serait pas un Etat « souverain » si Boganda résumait le monde aux privilèges liés à son statut de prêtre. Le Burkina Faso ne serait le pays des hommes intègres si Sankara ne se contentait que des privilèges liés au rang qu’il occupait dans le gouvernement. Ces hommes ont, chacun en ce qui le concerne, le mérite de poser des actes forts, courageux, téméraires, et ce, parfois au prix de leurs vies pour sauver leur nation.

Aujourd’hui, nul ne doute que votre tour est arrivé pour faire preuve de courage, de témérité, de sacrifice pour cette nation qui vous a tant donné. Faites office d’obstacle à l’idée de prorogation du mandat du Président car elle est anticonstitutionnelle, donc illégale. Demandez plutôt à l’ANE et au gouvernement de vous rendre compte de ce qu’ils font pour respecter les échéances constitutionnelles des élections, sans prétexter de la pandémie actuelle.

– L’histoire et les conséquences d’une éventuelle prorogation du mandat du Président de la République

L’histoire sociopolitique de notre pays nous rappelle la triste expérience du tripatouillage constitutionnel de mai 2010. La prorogation du mandat présidentiel par une Loi Constitutionnelle a développé des velléités de résistance politico-militaire ayant débouché, un an plus tard, à la contestation des élections et, trois ans plus tard, à un coup d’Etat aux conséquences incalculables. D’ailleurs, chaque fois qu’un Président essaie de se maintenir au pouvoir au-delà du mandat constitutionnel, il l’a chèrement payé au peuple qui n’a jamais été dupe. Ne soyez pas des amnésiques politiques.

Assurément, l’histoire veut se répéter, d’autant plus que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Sauf que vous avez la possibilité de changer le cours de l’histoire car les conséquences de ce tripatouillage constitutionnel dépasseraient vos attentes et feront replonger le pays dans un cycle infernal de crises et de violences si on n’y prend pas garde. Pourtant, vous n’avez aucun intérêt à voir ce pays replonger dans le chaos.

Proroger de force le mandat du Président de la République crée désormais une habitude et s’érige en une jurisprudence nocive pour notre jeune démocratie. Par cet acte, vous créez l’instabilité sociopolitique et institutionnelle avec le risque que le pays s’embrase de nouveau.

– Que faire : la nécessité d’encourager un dialogue entre le gouvernement et les forces vives de la nation

Le mérite d’un dialogue dans le contexte de la crise centrafricaine est de sauver la situation, et son défi est d’aboutir à des résultats escomptés. L’annulation des élections générales de 1992 avait débouché sur une crise postélectorale aux conséquences multiples. Heureusement que la « sagesse » a guidé nos principaux leaders du moment (Dacko, Goumba, Lakoue, Kolingba et Patassé) qui ont pu trouver un schéma de sortie de crise. Au lieu de toujours nous inspirer de mauvais exemples, en voici un qui pourrait servir de jurisprudence. S’il n’est plus possible d’organiser les élections à bonne date, il n’est pas encore tard pour sauver la situation.

Chers honorables, invitez le Président Touadera à dialoguer avec les forces vives de la nation afin de trouver une issue paisible à cette équation à plusieurs inconnus. La solution au glissement du calendrier électoral n’est pas le tripatouillage de la Constitution. La meilleure solution proviendra d’un large consensus entre les forces vives de la Nation.

Je vous exhorte fortement à plutôt vous occuper d’abord de la pandémie qui fait rage actuellement, sinon nul ne sait si vous serez suffisamment en vie pour profiter de la prorogation de votre mandature qui vous préoccupe tant au moment où sous d’autres cieux tout le monde s’unit pour se battre contre une mort collective. Enfin, rappelez-vous cette vérité de Martin Luther King dans son discours du 31 mars 1968 : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ».

 

Fait à Bangui le 08 avril 2020.