Lionel Saraga Morais: "Il faut des femmes et des hommes de bonne morale pour guider la RCA vers la paix"
Par La Tribune de Genève (tdg.ch) - 13/01/2015
Lionel S. Morais est un ex-ministre, conseiller à la stratégie et défense du gouvernement de transition de la République centrafricaine
Fondateur du Cercle des intellectuels africains, ex-ministre conseiller à la stratégie et défense du gouvernement de transition de la République centrafricaine, Lionel Saraga Morais était à Genève ces jours. Pressenti pour mener une mission dans le cadre du projet Démobilisation, désarmement, réinsertion (DDR), il redoute l’enlisement politique qui menace son pays. Il dénonce aussi l’attitude de ceux qui profitent de la mise sous perfusion de la République centrafricaine pour en piller les ressources sans vergogne.
Quelle est la situation aujourd’hui en Centrafrique?
Les choses sont encore très fragiles. Nous sommes sur du sable mouvant. La période de transition qui devait s’achever le 15 février va être prolongée de sept mois. Ce nouveau délai est nécessaire. Avant d’organiser une élection présidentielle, il faut d’abord recréer les conditions pour la désignation d’une nouvelle équipe.
Vous sous-entendez que Catherine Samba-Panza a échoué?
La Maison du peuple (CNT) qui avait désigné Catherine Samba-Panza comme présidente intérimaire est devenue un ventre mou. Il faut changer de formule. Ceux qui ont ouvert leurs bras et leurs maisons pour accueillir les gens en détresse, ce sont les archevêques, les imams, les pasteurs, les chefs de village. C’est vers eux qu’il faut se tourner. Ils sont les mieux placés pour représenter les Centrafricains et désigner une nouvelle équipe de transition. Catherine Samba-Panza était pétrie de bonnes intentions mais sa politique de médiation et de compromis n’a pas fonctionné. Il faut conduire une politique de rupture si l’on veut vraiment se donner les moyens de sortir de l’impasse. Il n’est pas possible de négocier avec des terroristes.
Quelle est la situation aujourd’hui en Centrafrique?
Les choses sont encore très fragiles. Nous sommes sur du sable mouvant. La période de transition qui devait s’achever le 15 février va être prolongée de sept mois. Ce nouveau délai est nécessaire. Avant d’organiser une élection présidentielle, il faut d’abord recréer les conditions pour la désignation d’une nouvelle équipe.
Vous sous-entendez que Catherine Samba-Panza a échoué?
La Maison du peuple (CNT) qui avait désigné Catherine Samba-Panza comme présidente intérimaire est devenue un ventre mou. Il faut changer de formule. Ceux qui ont ouvert leurs bras et leurs maisons pour accueillir les gens en détresse, ce sont les archevêques, les imams, les pasteurs, les chefs de village. C’est vers eux qu’il faut se tourner. Ils sont les mieux placés pour représenter les Centrafricains et désigner une nouvelle équipe de transition. Catherine Samba-Panza était pétrie de bonnes intentions mais sa politique de médiation et de compromis n’a pas fonctionné. Il faut conduire une politique de rupture si l’on veut vraiment se donner les moyens de sortir de l’impasse. Il n’est pas possible de négocier avec des terroristes.

© DR
Le travail de réconciliation va-t-il prendre beaucoup de temps?
Ce sera long. C’est comme un processus de deuil. Il y aura des étapes. On ne pourra pas se taper sur l’épaule, s’embrasser et se dire que nous nous sommes réconciliés. Avant d’entamer une véritable reconstruction, il faut une prise de conscience collective sans laquelle il ne sera pas possible de renouer avec un climat de confiance. Un récent sondage a montré que 90% des Centrafricains étaient fiers d’être Centrafricains. Dans le même temps plus de 90% d’entre eux affirment ne pas avoir confiance dans les autres Centrafricains. Il est urgent de retrouver la confiance perdue. Pour cela, il faut des femmes et des hommes de bonne morale et de bonne réputation pour guider le pays vers la paix. Si on cède encore la place à ceux qui sont associés au drame centrafricain, cela sera perçu comme une provocation.
Qu’est-ce qui vous inquiète ou vous révolte le plus aujourd’hui?
Le pillage de mon pays. Nos ressources sont vampirisées. Pendant que les Centrafricains essaient de dessiner un avenir dans ce désordre et ce chaos, des affairistes peu scrupuleux et des pays énergivores profitent de la situation. Nos frontières sont poreuses, et l’anarchie règne en maître. Normalement, il y a un embargo sur le diamant centrafricain. Or, le marché est inondé de pierres qui proviennent de mon pays.
Pourquoi tenez-vous tant à créer une ONG centrafricaine?
Parce que nous devons nous réapproprier notre territoire et notre histoire et ne pas laisser les autres décider à notre place. Nous avons besoin d’une ONG 100% centrafricaine qui s’adresse aux Centrafricains et dirigée par des Centrafricains. Elle existe. Nous allons entamer des démarches pour qu’elle soit reconnue par l’ONU.
Pourquoi est-ce si important?
Il y a un besoin de reconnaissance. Les Centrafricains naissent et meurent dans l’anonymat, sans vraiment avoir une identité. Nous pourrions sceller notre communauté de destin à travers un service national à but éducatif et tourné vers le développement économique. Ce serait une manière de faire circuler les jeunes appelés dans les sept régions qui forment la République centrafricaine. Voilà l’une des idées que je défends. La République centrafricaine a des ressources et un potentiel. Dans le temps, on produisait un coton magnifique. Nous avons du café, du cacao et bien d’autres produits que nous pourrions mieux exploiter. Le travail de réconciliation et de reconstruction est devant nous.
Ce sera long. C’est comme un processus de deuil. Il y aura des étapes. On ne pourra pas se taper sur l’épaule, s’embrasser et se dire que nous nous sommes réconciliés. Avant d’entamer une véritable reconstruction, il faut une prise de conscience collective sans laquelle il ne sera pas possible de renouer avec un climat de confiance. Un récent sondage a montré que 90% des Centrafricains étaient fiers d’être Centrafricains. Dans le même temps plus de 90% d’entre eux affirment ne pas avoir confiance dans les autres Centrafricains. Il est urgent de retrouver la confiance perdue. Pour cela, il faut des femmes et des hommes de bonne morale et de bonne réputation pour guider le pays vers la paix. Si on cède encore la place à ceux qui sont associés au drame centrafricain, cela sera perçu comme une provocation.
Qu’est-ce qui vous inquiète ou vous révolte le plus aujourd’hui?
Le pillage de mon pays. Nos ressources sont vampirisées. Pendant que les Centrafricains essaient de dessiner un avenir dans ce désordre et ce chaos, des affairistes peu scrupuleux et des pays énergivores profitent de la situation. Nos frontières sont poreuses, et l’anarchie règne en maître. Normalement, il y a un embargo sur le diamant centrafricain. Or, le marché est inondé de pierres qui proviennent de mon pays.
Pourquoi tenez-vous tant à créer une ONG centrafricaine?
Parce que nous devons nous réapproprier notre territoire et notre histoire et ne pas laisser les autres décider à notre place. Nous avons besoin d’une ONG 100% centrafricaine qui s’adresse aux Centrafricains et dirigée par des Centrafricains. Elle existe. Nous allons entamer des démarches pour qu’elle soit reconnue par l’ONU.
Pourquoi est-ce si important?
Il y a un besoin de reconnaissance. Les Centrafricains naissent et meurent dans l’anonymat, sans vraiment avoir une identité. Nous pourrions sceller notre communauté de destin à travers un service national à but éducatif et tourné vers le développement économique. Ce serait une manière de faire circuler les jeunes appelés dans les sept régions qui forment la République centrafricaine. Voilà l’une des idées que je défends. La République centrafricaine a des ressources et un potentiel. Dans le temps, on produisait un coton magnifique. Nous avons du café, du cacao et bien d’autres produits que nous pourrions mieux exploiter. Le travail de réconciliation et de reconstruction est devant nous.
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